LA BASILIQUE
II
CE QU’ELLE A COUTE
« Les pólerins, ćmerveillćs de la magnificence de ce tempie, se demanderont au prix de quelle indus-trieuse activitć ces murs se sont ćlevćs si majestueu-sement, et comment ils ont ćtó enrichis avec tant de gotit et de libćralitć. — Que d’argent, se diront-ils, que de sueurs, que de dćvoOment a cotite cette ćglise(l). »
Or on avait commencć avec une' caissc presque vide, (2) et entrepris une oeuvre colossale sans soup> ęonner & quelles dćpenses on allait ótre entralnć.
On ne prit mćme pas les precautions ordinaires qu’exige la prudence : au lieu de mettre les travaux en adjudication, on traita de grć A grć avec un entrepre-neur ; et, dans la convention passie avec M Normand le 4 nov. 1865, on examina toutes les questions, sauf celle de la dlpense (3).
II ctit Itl pourtant facile de s’en rendre compte: le cahier des charges fixait la qualitć des matlriaux et le prix unitl: ii y avait au minimum 2671 mc. de pierre de taille h fournir, & 230 fr. l’un. Un simple calcul eót permis de savoir que la dlpense qui rlsulterait du
(l) M»r Bśccł: Oraison funćbre de M. Guillouzo, p. 6.
;2)« Quclques milliers de franes », lerit M. Nicol. — 30.000 franes dit M. Le Digabel.
|3) En'.l’absence de M*r Gaźailhan, le traitćfut signć par les trois vicaires generaux: M. Flohy, M. Fouchard, M. Bćcel, alors curć de la.cathćdrale.
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róglement de compte douhlerait les 350.000 fr. du devis limitatif indique au concours.
Et encore, dans cette fourniture, il n’etait question ni de la voilte, ni du dallage, ni des travaux de la tour (1).
Impróvoyance qui ćtonne !... Mais l'ćvćnement a montrć qu’elle ćtait providentielle (2). En se bornant h considćrer la beautć du plan adoptć, on avait irrćmć-diablcmcnt engagć Favenir, tandis que, si Ton avait ćtudić en mćme temps la question du prix, la prćvi-sion de la dćpense totale aurait eu fatalement pour rćsultat dempćcher la rćalisation de l'ceuvre, en ef-frayant ceux qui devaient en avoir la responsabilitć (3).
En mai 1867. quand il ne restait plus ó M. Normand qu'une annóe pour achevcr l'ceuvre, dapres la conven-tionmćme qu‘il avait signće, — on se plaignit de sa lenteur, et on le pressa d’activer les travaux.
Mais aurait-on de quoi payer ? q On avait en caissc 30.000 fr. de rćserve tout au plus, /les 10 6 12.000 fr. fournis annbellemcnt par les recettes du Pólerinage (4), — le produit de la qućte
(1) Arehitm du PiUrintge, 1«» cahicr, p. 271.
(2) « Dieu pormit heureusement que nous nc nous dout&mes pas d'abord des dćpenses ćnormcsou nous serionsentralnćs. ■ M*f B*-ckl : Oraiton fun. de M. Guillouzo, p. 7.
(3) Cf. Lettrc dc Al. Deperthes (24 juin 1871), et sa notice historią ue (1878) Arehicet du P&leriruge.
• Dans le traite passć avec M. Normand, il n’a pas ćtć parte un seul instant du chiffrc de la dćpense : on saura gri plus tard & la Commission diocesainc d'avoir eu la sagesse de fermer les yeux sur cette question, et de s'en rapporter h la Providence pour la rćalisation du projet qu'elle adoptait. Ce qui lui importait surtout ct avant tout, ctetait d‘entreprendre l’oeuvrc et de la commencer dans les meilleures conditions possibles >.
Cette rćflexion, qui est de 1'architecte lui-mćme. est trćs signifi-catire. M. Deperthes se rendait bien compte que les simples tra-vaux de maęonnerie dćpassoraicnt de plus du double le devis linii-tatif, sans parter des travaux d ornementotiou. Mais comme on nc lui avait jamais detnande ses prćvisions pour la dipense totale, il n'indiquait le prix des divers travaux qu'au fur et A mesure que ceux-ci devenaient nćcessatres.
(4) L,ter$que avait dćcretć, dans ses Ordonnances dc novembre 1863, que la moitte des recettes serait desormais consacrće & 1’oeime de la restauration.