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I

136    SAINTK-ANNK DAURAY

Si l’on n’avait pas ouvert au dessus du maltre-autel, cet arc qui prolonge indćfiniment la vue,.la nef aurait paru manquer de profondeur.

Ensuite avancez lentement vers le haut, jetez un regard A droite et A gauche pour scruter les profon-deurs des bas-cótćs, examinez la trAs harmonieuse et judicieuse plantation des piles et des colonnettes, 1’Acran lumineux des fenAtres, la ligne austAre des confessionnaux, le rAscau savant des voótes.

Ddpassez la chaire A prAchcr et arrAtez-vous A 1’entróe du transept, A la hauteur des deux grandes piles ; vous avez devant vous la plus belle page omementale qu’il soit possiblc d'imaginer, dans sa grandiose ampleur, 1’harmonie de ses ligncs, la souplesse de ses courbes, la riche et sobre profusion de ses sculpturcs : autels de la Sainte Vierge et de sainte Annę, de saint Joseph et de saint Joachim, petite clóture dentrAedu choeur, hauts piedestauxet candelabres, retable du maltre-autel, qui se detaille maintenant nvec plus de clartó.

Analysons maintenant les elćments divers de cctte vaste composition architecturale.

Plliera, voótes, fenótres, bas-cótć8. — Dans les cath^drales gothiques les piliers de la nef sont frequem-ment couverts de faisceaux de colonnettes qui s’en vont, les unes supporter les arcades, lesautrcs monter jusqu'aux voQtes. Ici le pilier central qui formę noyau reęoit sur ses faces des pilastres rectangulaires et des demi-colonnes rondes.

Les arcades rappellent en queique sorte les archi-voltes romanes, tout en utilisant 1’appareillage cher A la Renaissance, car les claveaux se prolongent bien au-delA de la petite moulure saillante, pour se termi-ner en crossette ou en tas-de-charge. Au sommet, une clef en relief, bien cambrće maissansexagćration, vient recouper 1’arc et former liaison avec la frise qui tient lieu de triforium.

Daucuns regrettent de ne point trouver ici ce trifo-rium k arcatures et balustrades, qui formę comme une ligne dćcorative au long des nefs des grandes cathć-drales du moyen-Age. Ils nont pas raisonnć que ces triforiums sont des pis-aller, des partis constructifs nćcessitćs par des exrgences architecturales, pour ra-cheter et corriger la nuditć des grandes surfaces mu-rales s’ćtendant entre le sommet des archivoltes et les appuis des fenćtres hautes. Ici, par un artifice de cons-truction, par 1'adoption d’une terrasse piąte en dalles de granit comme toiture des bns-cótćs, on a ćvitć cette hauteur disproportionnće de maęonnerie pleine ; cette frise simple et reposante, de mćtopes et de triglyphes alternćs, accentuće par la forte et fine corniche, vaut bien mieux, et comme correction de style et comme harmonie, qu’une succession d’arcatures crcusees, don-nant une alternance violente de clairs et de noirs qui aurait risquć de fournir ici une notę discordante.

Aprćs avoir donnć un coup dceil aux larges fenćtres ouvrant de grands jours et distribuant une abondante lumi&re dans ces hauteurs, revenons au bas des piliers, reprenons et suivons dans toute leur sveltesse les demi-colonnes appliqućes, elógies et mieux redessinóes par leurs fines cannelures, traversant dans leur montee hardie les moulures des tailloirś, de la frise et de la corniche. Sur leurs chapiteaux, combinćs avec ceux des pilastres, prennent naissance les arcs-doubleaux ou transversaux, ainsi que les faisceaux des nervures, qui vont s’epanouir dans la votite pour former un rćseau du plus heureux et du plus ing<5nieux effet. Les tech-niciens appelleront par leur nom particulier chacun de ces arcs, chacune de ces nervures: formeret, ogive, lierne, tierceron ; contentons-nous d'observer et de noter que ces combinaisons donnent naissance dans chaque travóe rectangulaire et dans le grand carrć du transept k douze compartiments triangulaires, et que les cinq points de rencontre des nervures sont souli-gnós et accentu^s par cinq clefs pendantes, enrichissant



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