Est-il possible (est-il permis) d’etre contrę 1’emancipation de son propre peupie, contrę un mouvement que i’on remarque a peine a des signes nationaux, contrę des evenements qui rassembient ou du moins qui mspirent tant d etudiants, d’intellectuels, la »majorite du peuple« (meme si ces assertions quanutatives ne sont pas tout a fait exactes, ce qui est d’ailleurs probable?). La reponse, dans ce cas-la, se donnę toujours delle-mćme, la negativite de son intonation principale est cependant determinee d’abord par l’idee qu’il ne s’agit pas d une pu-rete en noir et blanc, mais dune interrogation, aussi negiigee qu on peut letre dans la realite, sur lemancipation dont il est quesnon, de i’evaluation de sa portee et de ses motils, de ses possibilites et de ses limites (deja) donnees d!avance en eux-memes). L instant est donc »complexe«, les traits non elabores, les programmes beaux et pauvres, la cnse indubitable (dans nimporte quel sens et a n’importe quel ni-veau), mais malgre tout, si Ton veut parler, agir, meme en se servant de ceite arme spirituelle intellectuellement desinfectee, enlin, il faut quand meme partir d un certain niveau.
La societe dans laquelle nous vivons (on veut dire, bien entendu, la Yougoslavie), s’est fait une habitude exemplaire et deja longue de ne pas remplir ses plans - ces annees passees, nous avons ete accables de discours, resoiutions, directions, plans, relormes, et cependant, il serait diłficile, sur la supposition d’une position pragmatique menee jusqu’au bout, de pouvoir prouver de l’un des documents cites qu’il a ete realise dans la pratique, tout a fait ou pour le moins presque tout a fait. Les consćquences, ii n’est peut-etre pas utile de le repeter, sont de longue portee et profondes pour toute la societe, excepte pour le groupe etroit (ou peut-etre les groupes) de ceux qui promettaient, et a ceux-la, voila, il est donnę de continuer a promettre, personne en effet n’a re-pondu de la debacie de la reforme economique et sociale, de 1’ajour--nement du plan pour un an et autres choses, et 1’attention de 1’opinion publique se tournait, deja menaęante, justement vers ces problemes, developpec par les possibilites accrues offertes ces dernieres annees par la »parole publique«.1 Les consequences d’un tel etat de choses dans la »superstructure ideologique« (pour employer cette construction conlusc et habituelle), sont importantes a cause de la perte de pers-pective, definition principale de la situation actuelle. II ne s’agit pas d’abord d’un mecontentement en ce qui concerne le passe (malgre tout, cc pays, il ne faut 1’oublier, presente une serie de caracteristiques qui sont souvent beaucoup plus propices a 1’homme que certains systemes »veritablement socialistes« qui s’offrent sur le marche ideologique in-ternational), ou d’une depression causee par les difficultes temporaires, donc non seulement de la crise de la pratique, mais de la crisc du concept lui-meme, par consequent de la non-existence, ou peut-etre, de 1 impossibilite de la connaissancc des possibilites veritablcs du devc-loppement social pcnse. Ce n’est pas seulement un phrase pompeuse ou une larme de crocodile versee par les mecontents - une serie d’e-
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Aussi n est-il peut-etre pas illogique de rattacher uiie sśrie d’ćv6nements poli-tiques de notre pays - a propos desquels on parle en genćral de rapports entre les nations - au besoin qui se fait sentir, ces dernieres annees, de trouver, apr£s 1’ćchec dej programmes promis auparavant, d autres módium de politisation.