Ą propos du G�ant
(r�daction: 1863, publication: 1863)
de
Jules VERNE
(1828-1905)
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donne le branle ; les savants s en męlent alors ; ils parlent, ils
�crivent, ils calculent, et, un beau jour, le succŁs �clate ą tous les
yeux.
C est ce qu amŁneront les hardies ascensions de Nadar ; que
l art de s �lever et de se diriger dans l air devienne jamais un moyen
pratique de locomotion, et la post�rit�, si elle est juste, lui devra une
belle part de sa reconnaissance.
Je ne viens point ici narrer les voyages du G�ant ; d autres l ont
fait, qui, l ayant accompagn� dans son vol, furent mieux plac�s pour
voir, partant pour raconter. Je veux seulement, en quelques lignes
indiquer la direction que tend ą prendre la science a�ronautique.
D abord, suivant Nadar, le G�ant doit ętre le dernier ballon ; les
difficult�s de ses descentes d�montrent surabondamment combien
un aussi vaste appareil est dangereux ą guider, impossible ą
conduire.
Illustration de Fellmann
On veut donc en arriver ą supprimer le ballon tout simplement ;
la chose est-elle possible ? M. Babinet le croit, comme si l id�e
Il semble que la question des ballons ait fait de nouveaux
venait de lui ; MM. de Ponton d Am�court et de La Landelle affirment
progrŁs depuis les audacieuses tentatives de Nadar. La science
avoir vaincu la difficult� et r�solu le problŁme.
a�rostatique paraissait abandonn�e depuis longtemps ; et, pour tout
dire, elle ne fit pas de grands progrŁs depuis la fin du dix-huitiŁme
Mais avant d entrer dans les d�tails de leur invention, finissons-
siŁcle ; les physiciens du jour avaient tout invent� : le gaz hydrogŁne
en avec les ballons, et laissez-moi vous parler de l appareil de M. de
pour gonfler le ballon, le filet pour contenir le taffetas et soutenir la
Laze. Je l ai vu fonctionner en petit, et c est ą coup s�r ce qui a �t�
nacelle, et enfin la soupape pour donner issue au gaz ; les moyens
fait de plus ing�nieux pour diriger un a�rostat, si un a�rostat est
d ascension et de descente par l abandon du gaz ou du lest �taient
chose dirigeable : d ailleurs l inventeur a �t� logique : au lieu de
�galement trouv�s. Donc, en quatre-vingt ans, l art des a�ronautes
chercher ą pousser la nacelle, il a cherch� ą pousser le ballon.
demeura stationnaire.
Pour cela, il lui a donn� la forme d un cylindre allong� : sur ce
Est-ce ą dire que les tentatives de Nadar aient amen� de
cylindre il a dispos� les branches d une h�lice ; il a reli� les deux
nouveaux progrŁs ? Peut-ętre ; je suis tent� de dire : �videmment.
extr�mit�s du cylindre ą la nacelle par des fils enroul�s sur des
Et voici pourquoi :
poulies ; ces fils sont destin�s ą donner, au moyen d un moteur
quelconque, un mouvement de rotation au cylindre, et le ballon se
D abord, ce courageux et intr�pide artiste a raviv� la question
visse litt�ralement dans l air.
oubli�e ; il a profit� de sa situation sympathique dans la presse et
vis-ą-vis des journalistes pour rappeler l attention publique sur ce
Il est certain que l appareil marche, et marche trŁs bien ; il ne
sujet. Au commencement des grandes d�couvertes, il y a toujours
pourra certainement pas remonter des courants extręmement forts ;
un homme de cette trempe, chercheur de difficult�s, amoureux de
mais, par des vents moyens, je crois qu il devra se diriger ; d ailleurs
l impossible, qui tente, essaye, r�ussit plus en moins, mais enfin
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l a�ronaute aura encore ą sa disposition des plans inclin�s qui, Avec une troisiŁme h�lice, verticale, il dirige son appareil
d�velopp�s dans un sens ou dans l autre, lui permettront de courir comme il l entend. Ainsi donc, au moyen des deux premiŁres, il se
de v�ritables bord�es verticales. soutient dans l air ; au moyen de la troisiŁme, il se pousse comme
s il �tait dans l eau.
Son ballon doit ętre construit en cuivre, de maniŁre ą �viter la
d�perdition du gaz hydrogŁne pur, qui est trŁs subtil, et M. de Luze Voilą donc th�oriquement le moyen trouv�, l h�licoptŁre ; mais,
espŁre produire des mouvements d ascension et de descente au pratiquement, cela r�ussira-t-il ? tout d�pendra du moteur employ� ą
moyen d une poche plac�e ą la int�rieur du ballon, et dans laquelle il mouvoir l h�lice ; il faut qu il soit ą la fois puissant et l�ger.
refoulera de l air au moyen d une pompe. Malheureusement, jusqu ici les machines ą air comprim� ou ą
vapeur, en aluminium ou en fer, n ont pas donn� de r�sultats
Voici trŁs sommairement son invention ; on le voit, ce qu il y a complets.
de plus ing�nieux, c est le ballon faisant h�lice lui-męme. M. de Luze
r�ussira-t-il ? Nous le verrons, puisqu il se propose de se promener Je sais bien que les exp�rimentateurs travaillaient en petit, et
pendant deux jours au-dessus de Paris. que, pour r�ussir, il faut op�rer en grand, car ą mesure que le
volume de l appareil s accro�t, son poids relatif diminue ; en effet,
Mais je reviens au projet de MM. de Ponton d Am�court et de une machine de la force de vingt chevaux pŁse beaucoup moins que
La Landelle ; il y a lą quelque chose de trŁs s�rieux ; il reste ą savoir vingt machines de la force d un cheval. Attendons donc patiemment
si leur id�e est praticable avec les moyens que la m�canique des exp�riences plus d�cisives. Les inventeurs sont gens instruits et
actuelle met ą leur disposition. r�solus ; ils iront jusqu au bout de leur d�couverte.
Vous connaissez ces jouets d enfants faits des palettes Mais il leur faut de l argent, et peut-ętre beaucoup ; c est ą le
auxquelles on communique une vive rotation au moyen d une corde gagner, cet argent, que Nadar s est d�vou� tout entier ; c est pour
rapidement d�roul�e ; l objet s envole et plane dans l air tant que cela qu il a convoqu� la foule ą venir voir ses audacieuses
l h�lice conserve son mouvement giratoire ; si ce mouvement ascensions. Les spectateurs ne sont pas accoures en assez grand
continuait, l appareil ne retomberait pas ; imaginez un ressort qui nombre, parce qu ils ne songeaient peut-ętre qu ą un plaisir pr�sent ;
agisse incessamment, et le jouet se maintiendra. si Nadar recommence, qu ils pensent l utilit� future et le champ de
Mars sera trop petit pour les contenir.
C est sur ce principe qu est fond� l h�licoptŁre de M. de Ponton
d Am�court ; l air offre un point d appui suffisant ą l h�lice, qui le Il ne s agit plus, on le voit, de planer ou de voler dans les airs,
frappe obliquement; tout cela est physiquement vrai, et j ai vu de mais d y naviguer.
mes yeux fonctionner de petits appareils fabriqu�s par ces
messieurs ; un ressort band�, l�che tout ą coup, s enlevait avec Un savant a dit fort humoristiquement : � L homme aura beau
l h�lice. faire, en se transformant en volatile, il ne sera jamais qu un dindon,
et le dindon de la farce.
Mais �videmment la colonne d air chass�e par l h�lice
donnerait ą l appareil un mouvement de rotation inverse ; il fallait Pr�conisons donc l h�licoptŁre, et prenons pour devise la
donc obvier ą cet inconv�nient, car l a�ronaute e�t �t� promptement devise de Nadar :
�tourdi par cette valse a�rienne. Aussi, au moyen de deux h�lices
superpos�es et tournant dans des directions oppos�es, M. de Tout ce qui est possible se fera.
Ponton d Am�court a pu rendre l immobilit� complŁte.
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R�f�rence(s) :
http://jv.gilead.org.il/perez/geant.html
Texte pr�par� par : Ariel P�rez
�dition HTML : Zvi Har El
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�dition PDF : http://www.RenePaul.net
ISBN 978-2-923610-02-3
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