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firmę qu’ils “ne comprennent que la force”, ce qui est exactement 1’oppose. En realite, les Arabes, ou plutót les Berberes, sont des Mćditerranćens comme les autres. L’Arabo-Berbere ne difłere pas beaucoup plus du Fran-ęais que 1’Anglais ou 1’Allemand ne differe du Franęais. [...] Nous aimons bien insister sur leur “fatalisme”; en eflfet, s’ils sont fatalistes, ils ne soufFrent pas, et, s’ils ne souffrent pas, nous pouvons leur faire endurer le pire avec la conscience tranquille. On leur a mis sur le dos tout ce qu’on a voulu, parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se defendre devant 1’opinion. Pense donc, un peuple sans presse! C’est pain benit de le calomnier. Et le calomnier ćtait politique, puisqu’il s’agissait de Pevincer.^,M

On voit comme on est deja loin des idees de Bertrand et de Randau, il semblerait que ce discours s’inscrit k 1’opposć de la doctrine du roman colo-nial proposće par les Algerianistes. Cependant Montherlant n’ est pas ama-teur de Solutions simplistes et il preparera quelques surprises k ses lecteurs.

Le propos de Guiscart s’avćre cependant moins efftcace que les idees reęues importees de France car, depuis Tanger jusqu’a Birbatine dans le Sud marocain en passant par Fez, Auligny est fidćle a la division du monde entre ce qui est franęais et automatiquement mis en valeur et ce qui est non-franęais, donc dćfavorise. Si Auligny voit une physionomie d’Arabe fme, il se dit: «I1 doit avoir du sang chretien».¹⁹⁰ A L... qui est dejA consi-derć comme «Sud», le narrateur revele ouvertement la dichotomie du monde:

L... ćtait composć de Juifs, dćnommćs Franęais, d’Espagnols, dćnommćs Franęais, de Berberes, dćnommćs Arabes, et de soldats, dćnommćs “hommes”, tout cela comptant administrativemet pour autant d’“ames” [...], bien qu’en bonne justice on ne puisse supposer d’ames qu’aux officiers.¹’¹

L’ironie de 1’auteur est incontestable dans cette introduction a la vraie vie du bied et de 1’administration franęaise au Maroc. A Birbatine (nom invente par 1’auteur), Auligny occupe un poste «franęais» compor-tant cent quinze hommes, mais seulement trois Franęais : lui, 1’adjudant Poillet, Parisien, et un telephoniste. Les tirailleurs marocains et les mok-haznis (les gendarmes marocains) constituent donc une forte majorite commandee par Auligny. La rencontre avec le caid

un vieil indigćne aveugle, d’assez grandę allure, la Lćgion d’honneur sur son burnous rouge [...]. Cet homme, hier un chef, aujourd’hui dans cette attitude si humble, attendant - lui, agć, aveugle, encore plein de prestance - que ces deux petits officiers de vingt-six ou vingt-huit ans eussent fini de causer,

^,w Ibid., pp. 16-18.

^1.0    Ibid., p. 54.

^1.1    Ibid., pp. 54-55.