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FOTTOQUOI pas ?

i, U faudrait les inventer et ce serait un exploit dif-le d rćussir. Puisqu on a la chana de U$ possóder, Yagit de les dćfendre contrę les entreprises d’un Iitarisme qui, pour le profit de quelques-uns, com-met la santć et le bien-Ćtre de tout le monde.

Parce que, ver$ 1924, des gens un peu trop śtroi-lent pratiques ont voulu dćvaster la vallće en plu-urs endroits pour y exploiter des fours & chaux, — filff, en face de la chapelle Sainte-Anne, d Pćche-\x et jusqu'au flanc de la colline de Beaumont, —une isade s'est organistę, dont Af. Louis Gavage s'est l, par vocation spontanće, le Pierre 1'Ermite, non : occasionnel et momentanć, mais dćfinitif et per-nent.

Vexistence de Louis Gavage prouve, au sur plus, i la race n est pas ćteinte. Du prćcheur de croisade, a le facies inspirć et la chevelure prophćtique. II a aussi l'dme tenace et ardente. Le jour oh un luaire stylisera ses traits pour la postćritć, U le rćsentera en archange, montant la gardę au seuil la vallće de LOurthe, prćt & disperser d'un glaive andescent la hordę des ravageurs de paysages.

Bst-ce donc un poćte} Sans doute. Mais, dans le vć, c'est un industriel. U a voyagć, jusque dans les fćriques; il a fait carrićre dans les affaires. II doit tdre des minerais ou des mćtaux, ce qui lui per-t d’ćlever une nombreuse et charmante petite fale plus chevelue encore que lui. Quand la vallće U passe avec les siens ses rares loisirs a retenli • bruits prćcurseurs du dćsastre, U a da entendre SM* des voix. II a jurt de dćfendre le paisible dćcor. a engagć la lutte avec une vaillance et un dćsintć-sement mćritoires, et les obstacles Lont stimulć t autant que les rćussites. Secondć par un secrć-’e plein d'amćnitć qui est M. Raymond Mottart, le bander dćlicat du Voyage & Paris, entourć d'un t-major actif autant que dćvouć, et dont Lexemple flrait h galvaniser, si ććtait nćcessaire, U a rćvćlć is ses campagnes un magnifique tempćrament d'orga-ateur et de propagandiste.

® a su assurer & son aeuvre d'influents soutiens, lui gagner dans la presse les chaudes sympathies \elle mćrite. Sentant 1'utilitć d’une action continue, ł prcvoquć des rćunions pćriodiques, des excursions, dćmonstrations d'hommage. Son ćnergique inter-Ition a dćjh bousculć plus d'un projet nćfaste.

Profitant d‘un moment d'accalmie, U a, par un bel ćs-midi de septembre 1927₁ rćalisć une touchante tsće. Ce jour-lh, d lappel de son association, les is des paysages sont accourus sur la crćte de Mćry ir inaugurer un chemin rustique, un belvśdćre et monument consacrćs h la mćmoire d‘Augustę Don-\ l'harmonieux śvocateur des enchantements de la Me. Aprćs quoi, lon fit une pieuse halte d l'atelier \mattre disparu, oh sa veuve entretient avec fer-ir la flamme du souvenir.

1 cette journće noblement persuasive, M. Gavage jfette de donner blentto une rćplique en ćngeant au bord de 1'Ourthe, prćs du pont d'Esneux, une status dans laquelle le bon sculpteur Adelin Salle a gra-cieusement humanisć la nymphe de la rivićre. Ce sera une ślćgante faęon de cćlśbrer une victoire nou-velle. Le site d'Esneux, en effet, a failli ćtre enlaidi irrćparablement par la construction d'un barrage local qui, pour produire un courant ćlectrique dont la rćgion n'a pas besoin, eht fali du lit de LOurthe un grand marćcage.

Aussi bien, dans cette affaire — hćlasl extensible — des barrages notre apótre a donnć sa mesure. 11 ne s'est pas contentć de dćfendre Esneux. II s'est imposć une ćtude approfondie de la question et l*a envisagće dans son ensemble. U a rćcoltć d 1'ćtranger d'abon-dants documents sur les procćdćs industriels et sur la Iśgislation spćciale qui rćgissent la matićre. II a eon-stitue un dossier substantiel et redoutable. Par la plume et par la parole, U a dćflni, avec des arguments vigoureux, la nuisance des barrages par lesquels on veut notamment dófigurer les fonds de Quarreux et le confluent des deux Ourthes. Avec un entrain qui ne raisonne point, U s'est lancć dans une bagarre oh U y avait surtout des horions d encaisser. U a obtenu Lad-hćsion chaleureuse d'une }oule de communes de Lag-ghmćration. S'll n'arrive pas d triompher des occultes puissances dont U veut empćcher les mćfaits, ce sera parce qu’U faudrait vingt Gavage Id oh U n’y en a qu’nn seul — mais les paysages auront ćtć bien dćfendus.

On ne saura jamais ce que cet homme pacifląue aura donnć de lul-mćme d sa cause. Ses dćmarches, sa formidable correspondance, ses discours, le Bulle-tin de son Association, qu'il rćdige pour une grandę part et qu'il a su rendre attachant, Lempressement qu^łil met d saisir toute occasion de prosćlytisme et qui le fait surgir d point nommć au dćtour d'un sentier devant une caravane de iournalistes_f pour les saluer et les convaincre, tout cela est un spectacle de gćnć-reuse activitć dont notre ćpoque n'est pas prodigue, mais qui suffirait d rćconforter les plus pessimistes.

De tels hommes, demeurćs i ce point capables de s^,exaller pour une idće, mćritent bien qu'on leur tire son chapeau...