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d'une formę de violence. La mort ou la guerre sont tres souvent presentes chez Nostradamus, ne parlons que du 35 eme ąuatrain de la premiere centurie, qui, d'apres les interpretes de l'epoque, ont annonce la mort du roi Henri II lors d'un toumoi.

Pourquoi les centuries nous parlent-elles souvent de mort, de violence, de desolation? Pourquoi le mot apocalypse a-t-il pris un sens si terrifiant, alors qu'il signifiait « revelation »?

La prophetie nous prepare a du changement, on l'a vu. Le changement implique la violence, car il implique d'abord des dereglements, une bousculade: celle de 1'ordre des choses.

Au dela de cette sincerite du prophete qui previent, il faut rappeler que c'est un etre communiquant. II sait ce qui plait a son lecteur. On a vu comme la prophetie tient du fait-divers. Or le fait divers porte toujours en lui une charge violente. Le fait divers, c’est le reel voisin, quotidien, qui sort de 1’habituel, de la normę. La normę, c'est le calme, la quietude. Si la violence inquiete, c'est qu'elle vient troubler une situation paisible ou 1'etre humain n'est pas sur ses gardes car tout est comme d'habitude. Si 1'homme n'aime pas vivre les faits divers, il aime les lirę et les voir, car comme on l'a deja vu avec Grossetti, une societe sans imprevisible, et ou rien d'inhabituel ne se passe nous fait mourir d'ennui. Les propheties, en plus de raconter les faits divers du futur (un roi va mourir d'une lance dans 1'oeil, un papę va etre agresse...) laissent librę cours a 1'imaginaire. Elles restent assez floues pour que l'on n'y voie que les gestes, les actes, le « quoi? »: le qui, le quand et le ou sont en generał tres vagues. Ces gestes, ces actes, sont 1’essence meme de la violence, qui se preoccupe peu de savoir qui, pourquoi, ou et quand elle ffappe. Comme on le verra plus tard, la violence faite a un etre humain est symbolique et metonymique. La violence, ce n'est pas un evenement comme un autre. Comme dans l'expression « lever la main sur quelqu'un », la violence est un geste, qui est tout un symbole. Le fait divers s'estompe alors pour nous approcher de ce geste, et nous le faire comprendre. C'est un des buts de la prophetie.

Nous vivons dans des societes allergiques a la violence. Jean-Paul Sartre, dans le tome 2 des Chemins de la Liberie, se pose justement la question d'une violence parfois necessaire, en tout cas que l'on ne peut refuser, sous peine de justifier un crime plus grand que la violence commise pour l'eviter. Valeur-maitre, le pacifisme nous a petit a petit deconnectes de 1'idee de la violence parfois necessaire, au point qu’elle represente aujourd’hui 1'apogee de la barbarie, meme si elle est souvent montree avec delectation a la television, comme quelque chose dfiorrible et de fascinant. Voyeurisme!

Pourtant, la violence n'a pas disparu du monde, elle s'exerce dans de nombreux pays, contrę de nombreux groupes sociaux, qu'ils soient ethniques, sexuels, religieux, generationnels, mais aussi