LA GUERRE chez Montaigne


Maciej Krawiec

LA GUERRE DANS LES ESSAIS DE MICHEL DE MONTAGNE.

Contrairement à ce qu'on peut souvent penser, l'époque de la Renaissance n'était pas dépourvue de conflits militaires qui absorbaient la pensée des gens contemporains. Même si nous sommes en mesure de constater que c'était une période ou l'harmonie et l'humanisme régnaient, il ne faut pas oublier que de tels événements honteux pour toute la civilisation occidentale comme le massacre de la Saint-Barthélemy ou celui des protestants à Vassy ont eu lieu au cours de cette époque. Il n'est pas donc étonnant que la guerre ait constitué un des centres d'intérêt pour les gens de la Renaissance. Michel de Montaigne, „comme d'autres intellectuels de son temps, accorde une certaine place aux considérations sur les guerres” et plusieurs ouvrages qui font partie de son oeuvre fameuse Les Essais en temoignent.

Dans mon travail, j'ai pour objectif de montrer la spécificité de la perception de ce problème par Montaigne, en s'appuyant sur quelques essais qui abordent cette question d'une façon intéressante et qui la présentent de nombreux cotés.

Il faudrait noter que Montaigne présente un large panorama du sujet de la guerre - il l'analyse de plusieurs perspectives: théorique, pratique, technique morale et sociale. Ce qui importe aussi de souligner dans ce contexte, c'est le fait que la pensée de Montaigne était fort ancrée dans les traditions antiques. Il y fait bien des références au fil de sa production et, en parlant de la guerre, les témoignages de l'Antiquité lui servent de sources importantes.

L'aspect qui semble être primordial pour l'auteur des Essais, c'est le problème de la comparaison des moeurs caractérisant les temps passés avec l'époque contemporaine. Dans l'essai „Si le chef d'une place assiégée doit sortir pour parlementer?”, on distingue facilement le conflits des traditions anciennes avec celles de la Renaissance: Montaigne y valorise de telles vertus que le courage, la force, la loyauté, l'honneur et il les associe avec la bataille consistant à „combattre de vertu, non de finesse, ny par surprinses et rencontres de nuict, ny par fuittes apostees, et recharges inopinees : n'entreprenans guerre, qu'apres l'avoir denoncee, et souvent apres avoir assigné l'heure et lieu de la bataille” . D'après ces observations - qu'il précise minutieusement en se basant sur des faits récents qui lui sont bien connus - le niveau de la morale et le sentiment de l'honneur sur le champ de bataille parmi des peuples antiques comme les Achéens ou les anciens Florentins ont été beaucoup plus élevé par rapport à celui de l'époque de la Renaissance. Ces traits auxquels on assistait dans l'Antiquité menaient à ce qu'on avait alors un grand respect vis-a-vis de l'adversaire que Montaigne, vu la malice et la ruse de guerriers contemporains, ne remarque guère à son époque. La réflexion critique est visible également dans l'essai „De la bataille de dreux” où l'auteur se concentre sur la stratégie et les attitudes représentées par des adversaires. Cette question mène à ce qu'on constate que c'est la victoire qui constitue l'objectif absolu et indéniable pendant la querre et quels que soient d'autres facteurs, rien ne devrait pas dévoiler aux soldats leur dessein primordial: „que nulles occurrences particulieres, quelque interest qu'il y ayt, ne le doivent divertir de ce point là”.

De plus, la guerre est traitée par Montaigne sous un angle qui paraît être particulièrement intéressant, c'est-à-dire que la guerre peut constituer une source de profits pour ceux qui se montrent courageux et estimables. Cette question est élaborée dans l'essai intitule „Des récompenses d'honneur”; on y apprend qu'une récompense symbolique vaut beaucoup plus que celle à laquelle on mele d'autres avantages: materiels ou financiers. La guerre peut être alors conçue comme une raison d'une certaine nobilitation symbolique, selon le principe que la gloire prévaut à l'utilité. De surcroît, Montaigne estime que la présence des vertus philosophiques et intelectuelles débouche sur les valeurs militaires et que la vertu guerrière est liée à d'autres qualités (morales, sociales, familiales) représentees par un soldat. Enfin, pour mettre en relief définitivement ses conceptions, il fait une remarque linguistique en rappelant que les mots „la vaillance” et „la force” sont à l'origine du vocabulaire décrivant toute une activité appréciable de l'homme.

A l'exemple de l'empire romaine, Montaigne note que la guerre et une expansion militaire sage permet aux armées d'élargir l'importance politique de leur pays: c'est en principe le but de faire la guerre. L'essai „De la grandeur romaine” nous explique clairement quelles strategies et conceptions sont les plus efficaces afin d'obtenir ce qu'on considère comme le plus positif pour son peuple. Pour les Romains, une des idées les plus profitables consistaient à „laisser les Roys, qu'ils avoyent surmontez, en la possession de leurs Royaumes, soubs leur authorité”.

De plus, Montaigne consacre beaucoup d'espace à Jules César qu'il croit indubitablement l'un des plus grands empereurs de l'Antiquité. Dans l'essai „Observation sur les moyens de faire la guerre, de Julius Cæsar”, il parle de toutes les vertus qui caractérisaient celui-ci, en énumérant des situations multiples dans lesquelles l'empereur en a fait preuve. Montaigne souligne l'autorité incontestable de César qui provoque ce que parmi ses soldats subsistait une obéissance absolue. Il décrit aussi son caractère qui marquait un courage extraordinaire et la sagesse. D'après son entreprise, on voyait que malgré sa position préponderante dans l'armée il était aussi l'un des soldats prêts à combattre directement: c'est pourquoi il y avait une relation forte entre lui et son armée. Sans doute, Montaigne apprécie une telle approche de Cesar.

Il en résulte que l'Antiquité montre aux gens de la Renaissance comment concevoir la guerre. Les instructions y comprises et tout un contenu d'oeuvres le concernant ont inspiré Montaigne à un tel point qu'il ait entendu transmettre ses réflexions à ceux qui pourraient en beneficier ou, tout simplement, s'y intéresser. Son attitude critique envers sa propre époque est visible de façon évidente mais il est difficile de constater si son travail a débouché sur ce qu'il prévoyait en l'écrivant.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Textes

  1. Études

http://culture.revolution.free.fr/critiques/Montaigne-Les_Essais.html

André Lepic, „Quelques éléments pour situer et aborder Les Essais de Montaigne”, http://culture.revolution.free.fr/critiques/Montaigne-Les_Essais.html

Francis Jeanson, Montaigne par lui-meme, Editions du Seuil, Paris, 1951, p. 11

Michel de Montaigne, „Si le chef d'une place assiégée doit sortir pour parlementer?” [dans:] Les Essais, Livre I, http://www.bribes.org/trismegiste/es1ch05.htm

Michel de Montaigne, „De la bataille de Dreux” [dans:] ibidem

Michel de Montaigne, „De la grandeur romaine” [dans:] Les Essais, livre II, op. cit.



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