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fois.186» L’action militaire entretient egalement un prćjugć favorable envers ce qui est mesurable et qui permet un meilleur aplomb lorsqu’un commandant affirme a son superieur : « voici les progres enregistrćs au cours de ma mission ». Le MAECI, avec son Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction (GTSR), gere et administre des programmes d’aide qui contribuent a stabiliser et reconstruire des Etats. Le ministere guide aussi 1’aspect politique des projets geres et administres par l’ACDI. Deux principes guident ces politiques d’aide : l’appropriation locale et la durabilite des projets. Bień qu’acceptćs en surface par la Dćfense, ces deux principes exigent essentiellement de la patience et entrent en conflit avec 1’imperatif d’agir rapidement. Un commandant ne peut se permettre de conclure que sa seule realisation, apres un an a la tete des troupes canadiennes, est d’avoir etć patient. A Kandahar, cette tension peut etre constructive ou l’inverse. Aussi, en fonctionnant avec un enonce de mission, les militaires ont beaucoup de difficulte a percevoir ce que d’autres acteurs peuvent apporter comme Solutions, qu’ils soient canadiens ou afghans187. L’information indćsirable sera probablement ignorće.
La finalitć de la diplomatie est d’influencer un acteur ćtatique, qu’il soit un ministre important ou un chef local, afin que sa position s’accorde avec Tinteret canadien. Dans tous les cas, cette influence et 1’etablissement d’une relation de confiance necessitent plusieurs annćes. Elle est ćgalement impossible a mesurer quantitativement. Donc, «la pire situation, c’est les militaires qui tentent de tout rćgler ou encore les civils qui attendent qu’un rćgime corrompu s’approprie des processus qui ne les interessent pas pendant que la population
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attend en vain. » Ces caractćristiques culturelles sont le produit de 1’histoire de ces deux organisations. Par exemple, au dćbut des annees 1970, sous la direction du Premier ministre Trudeau, un groupe d’analyse des politiques, une sorte de think tank inteme aux Affaires ćtrangeres, est mis en place afin de planifier le futur de la politique ćtrangere canadienne. Les resultats sont plutót mitiges, n’offrant que quelques rares reussites189. En somme, le metier de diplomate s’accorderait mai avec la planification tout comme celui de militaire s’accorderait
186 Ibid.
187 Entrevues avec des bureaucrates.
188 Entrevue avec un bureaucrate.
189 Daniel Mardar et Denis Stairs, « Alone on Killers’ Row : The Policy Analysis Group and the Department of Extcmal Affairs», International Journal, volume 32, numćro4, 1977, p. 727-755 et Geofliey Pearson « Order out of chaos? Some reflections on foreign-policy planning in Canada », International Journal, volume 32, numćro 4, 1977, p. 756-768.