586 UN DEBAT : LES MENTALITES COLLECTIVES 14
voyageurs pour chacun de ces secteurs, au-del& des « poncifs » de certains 4 clichćs ».
Si l’Europe des XV* et XVIe sieclefe depuis Siglsmond de Luxein-‘ bourg k Philippe JI gardait enćore des traces du traumatisrae que lui avait cr^ć le speetre du peril ottoman en revivant 1’angoisse de Fapparibion des armees du sułtan sous les murs de Vienne et qu’une vaste littśrature tendencieuse constituóe de recits de voyage, annales, mśmoires, brochures ou opuscules dus pour la plupart & djes missionaires, cle^cs et diplomates prechait encore des « croisades » pour bouier le « łlćau» turc hora du continent, en reduisant de la sorte la si coraplexe rćalitó dq la situation dans cet espace góograpliiąue k des formules simplistes et k des clieliós sterśotypes (les cliretiens en tant qu’element positif et les musulmans en tant qu’element negatif), le siecle des Descartes, Hobbes et Leibniz, mais aussi celui du meicantilisme, allait apporter quelque ebangement dans cette lnentalite retrograde1 2. Ainsi, de la part des Europeens, se font jonr de sensibles efforts d’une approche plus objective du monde ottoman a la recherclie d’ćlćments inćritoires pouvant contrebalancer les cótes eondaninabłes de sa condiute, d’ime meilleure perception de 1’interpćne-tration de la culture des <t dominateurs » avec celle des « dominćs » 3, et cela, d’autant plus que la puissance turque cess&it de constituer un danger pour l’Occident au cours des dernieres decennies du XVIle siecle et que du point de vue niilitaire et politiąue 1’empire des sultans entrait inexorablement dans ce que Demetre Cantemir definissait comibe son ere << de dśclin >. Une intense penetratipn des Qecidentaux s’engageait en ineme temp.s, notamment de Frapęais, de Britanniqueą et d’Hollandais sur les marches turęs, devenus un debouebe impprtant poui; leurs marehan* dises pianpfacturees et un Łeryąin ideał, pour l’exploitation doublće d’im-port>at(on de maticyes pienperes. Bientot, le Leyant yegorgeait de cprnp-toirs commerqiaux europeens et, progres?ivei;nent, allait s’ijnplanter en cette region le style et la manierę de vivre ])ropres a 1’Ouest du pontinent aęcpeillis aussitót, partięulierement par les ,popu(ations clirótiennes} ayep spontajieite j des eleinents appartenant ^ lą classe des gens <ie pplturę a)laient, par la spitej eipboiter lę pas aux commeręants. ,
Comme un exe tupie typique de cette Soeiśtś occidentale du XVIfe sipcle, debarassee de prejuges, pn homme de lettres franęais nom d’Antoińe (Jlallapd, (,4-64^—3,7^) £’śtait sent} attirć par la cyćation inljeUeo tuelle dq 1’Orient niusułmpn qu’il abprda aypę ferveqj> et ęoinpróhension j c’ęśt gracea lui que 1’Europe allait dpcoim-ir les(|amęux eontep des Ąlille et une nints dont il avait ródige une traductión. I£voqnons' egalement fFkutte.^ royageur^, telś Bycaut, 'De la Croix, Peb^e, HoWatd, Marsigll, Tavernier, Wheler, etc. <*iui, h lńui' toui^ s’ćtaient niohtfćs asSeŻ ćoriiprS-
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* Dfcs tićUut de la ilóralsob dd l‘hutnanlstn<e 0t de sa ptopagitlbn sur le ćbhtfnfcnt
eliropeen amiours de ła sectfnde idoitić <iu XVI^si6cle, manifesłftit untihllda eiffdrbyers un^ fneUieure comprćl^ension nbic,c^ive du pyster^e gpuyernerpęnt^ dę PEuipire ptt^prpau et dę ses impćratifs en matićre religieuse, cf. E. Kafć, Le myihe iurc et son dtclln dans les relalions de rfoyagc dferf Enropćenk de Id Tientiiśsdncł* dftns « Oriens i, 21-^52 (1968—1969)1, Łeideri, 1^711 p, 159{-i95.
Voir en ce sen^ lę& pertinentes femarjąues de j\lihąi Berza. J^ts ę/fandes, ttape* de fhisioire du Sud-Est europćłn, daniłTradllion el innouallon dans /i hufrufc des pays du Sud-Esł euro-p£en, Bucarest, 1969, p. 22.