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C’cst a cc ministćrc quc M. dc Leselcuc commenęa de se consacrer, ainsi qu’a celui des retraites aux Communautós et maisons d‘ćduration, et aux prćdi-cations dans les villes, oii l’ćlevalion et la richesse de ses^pensćes, la noble gravitć de son maintien et de toute sa personne, la chaleur et 1’ćclat de sa parole attiraient au pied de sa chaire des auditoires bien vite conquis et toujours croissants.
Les voieś diverses par lcsquelles la Providence con-duisit ses pas nc le dćtournćrent ja mai s de ce qu’U coinprenuit ćtre le fond de sa vocation apostolique, et il y revint h toules les ćpoques de sa vie avec une fer-veur et lin ćlan sans ccsse renouvelćs.
Ce pendant, entre les puissants apótres de Bretagne au 17* siecle et au 19* il y avait eu la grandę cassurc de la crise rćyolutionnaire. le brusque arret du reerute-ment des prćtres et les hćcatombes sacerdotalcs dc la pcrsecution sanglante. II fallait s*adapter aux neces-sites aetuelles et M. dc Lćsćlcuc alla demander direc-tion et conseil a l’expćrience d’un saint missionnaire des temps nouveaux, au Venerablc Jean-Marie de La Mennais.
II connaissait les ceuvres prodigicuses et innombra-bles accomplies par le fondateur de 1’Institut des Frćres, connus sous le nom populaire dc Freres de La Mennais. Rien de ce qui formait la tramę de 1’his-toire de Bretagne n*ćchappait a la recherche de son esprit et au mouvement de son coeur.
Celui qui, en Haute-Bretagne, reerutait inlassablc-nient, instruisait, formait aux vertus sacerdotales toute la premićre gćnćration de prćtres au sortir de la Revolution ćtait k la fois lin ardent missionnaire. II parcourait les paroisses sans pretre, y repandant k flots la lumićre de la foi, y rallumant la flamme des vertus chretiennes. Sentant 1’immense vide laissć dans 1’eglisc de France par la dcstruction des grandes ćcoles de thćologie et de^ciences religieuses, il avait
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groupć autoiir de lui et 4ous lc rayonnement de son frćre, sitót, hćlas! perdu par )*orgueil. une ćlite de prćtres dont, k Malestroit, il ćtait l’excitateur et le modćle ; et quand 1’effroyable chute de Fćlicile de La Mennais out aballu les couragcs et entratnć la dć-sertion, le V. Jean-Marie de La Mennais nc perdit jamais 1’espoir que 1’essai de Malestroit ne fót repris un jour par d’autres foyers de haute science, de haute vertu, et d’ardent esprit d’apostolat.
C’cst tout ce pussć d’admirables exeiuples et cette longue expćrience de saint qui, en 1849, attirćrent i Ploermel, centre de la grandę «mvre des Frćres. k laquelle J. de La Mennais consacra ses quarante der-nićrcs annćcs, le jeune missionnaire apostolique. Car dans les oeuvres divines, nous ne nous iniprovisons pas ; nous vivons d’enseignements reęus et d’cxcm-ples imitćs. Dieu met toujours sur la route dc notre vie des Rlie qui communiquent atix Elisee leur man-teau et leur puissance.
M. de Leselcuc se recommanda dc ses liens de sang avec la Mćre de Kerlanguy et ses sa-urs, et aussi du souvenir dc leur frćre Elic de Kcrtanguy, son propre cousin. dcvcnii par son niariage neveu du Vćnćrable.
Celui-ci, aux heures douloureuses et dćcisives, avait
ćtć le conseiller et le soutien de la Mćre de Kerlanguy
dans ses fondations. Lc doux yieillard reęut commc
un fils celui qui lui ourrait son &me et lui revćlait la
hardiesse et 1’ardeur dc ses aspirations. II discerna I
cette rlche naturo, que les dons de la grace firent si
noble et si genćreuse ; et son cerur s’ćmut de cons-
tater quc dans le champ de 1’Kglise breton ne inon-
taient des plants vigoureux et fćconds pour nourrir
et abriter a leur ombre les genćrations naissantes. ;
Entre le fondateur et Supćrieur generał des Frćres de-Hnstruction ehrćtienne, agć de 69 ans, et le jeune missionnaire dc trente-cinq ans, se noua une amitić profondc. M. dc Leseleuc devint un des auxi!iaires