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ici, a mon avis, qu’il faut chercher 1’origine du malentendu tragiąue qui non seulement caracterisa la grave crise du socialisme-stalinisme, mais qui souvent se perpetue thćoriquement et pratiquement dans le socialisme d’aujourd’hui.

Nous n’avons pas 1’intention d’expliquer longuement l’une des pen-sees fondamentales de Marx et Engels sur le depassement de la pro-duction capitaliste anarchique et des differentes formes d’alienation de Thomme grace a 1’organisation de la production planifiee et une direction appliquee aux choses et non plus aux hommes. Assez de tex-tes chez les classiques traitent de ce sujet et nous nous contenterons d’en citer deux. C’est ainsi que Marx ecrivait dans la Critique du pro-gramme de Gotha: »Dans une societe qui repose sur des principes de cooperation, qui se fonde sur la propriete commune des moyens de production, les producteurs n’echangent pas leurs produits; le travail accompli pour 1’obtention des produits n’apparait pas non plus comme valeur de ces produits, mais comme une qualite materielle qu’ils pos-sedent, car deja, contrairement a ce que Ton observe dans la socićte capitaliste, les travaux individuels n’existent pas indirectement mais directement, comme parties integrantes du travail total«. De meme, Engels, vers l’annee 70, ecrivait dans son ouvrage contrę Diihring: »En prenant possession des moyens de production dans la propriete de la societe, on ćlimine la production de la marchandise et par le fait-meme le regne des produits sur les producteurs. L’anarchie, dans la production sociale, est remplacće par 1’organisation consciente et pla-nifiee«.

Ces positions mettent en valeur 1’une des caracteristiques essentiel-les opposant d’un cóte societe capitaliste d’exploitation et r&gne des produits sur les producteurs, et de 1’autre socialisme, ou abolition de ce regne par 1’organisation planifiee de la production et la domination de la production, c’est-a-dire des choses. Le »malentendu« tragique, chez les successeurs de Marx, est survenu au moment ou ils ont perdu de vue les conditions historiques de 1’hypoth^se sur laquelle se sont fondes les fondateurs du marxisme, et au moment ou ils ont essayć d’appliquer les positions et conceptions en question d’une faęon meca-nique et directe, sans aucune mćdiation sociale, a leur situation histo-rique - situation qui, dans la majorite des cas, etait essentiellement differente de celle pensee par Marx et Engels. II est nćcessaire de le souligner, afin d’eclairer cette erreur historique et d’en tirer un ensei-gnement.

L’optique historique des positions de Marx et Engels sur le deve-loppement du socialisme s’est averće tr£s eloignee de ce que fut le cours reel des choses. Ils ont suppose - ce qui etait le plus logique et le plus rational - que le socialisme accederait a la sc^ne historique dans les pays qui etaient a l’epoque les plus developpes, ou la classe ouvri£re etait la plus forte, ou les contradictions entre bourgeoisie et proletariat etaient par consćquent les plus aigiies. Ces grands pays etaient 1’Angleterre, la France, TAllemagne et rAmerique. Au debut de la deuxi^me moitie du XIX^ siacie, la Russie ćtait le plus arrierć de tous les grands pays europeens, le servage venait d’6tre aboli et le

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