Les facteurs qui déterminent la prononciation des voyelles en français:
l'ortographe (coorélation graphie/prononciation; elle est cependant loin d'ętre absolue - il y a peu de graphies „qui ne trompent jamais”, quel que soit le type de la syllabe, comme p.ex. „eau” = [o])
le type de la syllabe (ouverte ou fermée) - les voyelles fermées se rencontrent plutôt dans les syllabes ouvertes, et inversément, les voyelles ouvertes sont typiques pour la syllabe fermée; cette tendance peut ętre renforcée par l'influence de la graphie ou de l'accent (ainsi p.ex. dans la syllabe accentuée ouverte on a toujours [o] et jamais [*], quelle que soit la graphie; dans la syllabe ouverte avec la graphie é on a toujours [e], qu'elle soit accentuée ou non)
la position de la voyelle (en syllabe accentuée ou non accentuée) a une influence tout particuličre: la neutralisation de l'opposition est plus facile en position non-accentuée (cf. l'assimilation)
les caractéristiques des voyelles voisines (seulement dans le cas des voyelles en position faible, c'est-ŕ-dire dans une syllabe non-accentuée ouverte; leur degré d'ouverture peut alors ętre modifié sous l'influence de la voyelle suivante - accentuée - p.ex. zoo [z*o]>[zoo], tętu [t*ty]>[tety] ou non accentuée - p.ex. autonome [ot*n*m]>[*t*n*m], cooperation [ko*pe*asj**]>[k**pe*asj**]). Ce phénomčne est appelé „harmonisation vocalique” ou, plus géneralement, „assimilation”; il a pour but de minimiser l'effort articulatoire. L'assimilation vocalique est le plus souvent regressive (la voyelle qui suit change, par anticipation, le degré d'ouverture de la voyelle qui précčde).
les caractéristiques de la consonne qui suit la voyelle (influence ouvrante - p.ex. au = [o], mais au + [*] = [*], ou fermante - p.ex. o dans une syll. fermée est généralement ouvert, mais se ferme devant [z])
l'étymologie du mot qui détermine la prononciation (les mots d'emprunt présentent parfois une prononciation qui contredit la rčgle génerale, car elle imite la prononciation d'origine - p.ex. pullover; ou reprend sous une autre forme le jeu d'oppositions existant dans la langue d'origine - p.ex. l'opposition o long/o bref du grec est rendue par l'opposition [o]/ [*])
l'analogie étymologique (la męme prononciation du phončme donné dans tous les mots appartenant ŕ la męme famille, malgré le changement de la position du phončme qui, normalement, modifierait la prononciation, p.ex. fleur [fl**]>fleurir [fl**i*] bien que dans les mots non-dérivés eu en syll. non-acdcentuée ouverte est prononcé comme fermé - p.ex. Europe [****p]). L'importance de l'analogie étymologique varie en fonction du phončme: elle est prépondérante dans le cas de l'opposition [*]/[*] ou [a]/[*], nettement plus faible dans le cas de [e]/[*] et pratiquement inexistante dans le cas de [o]/[*] (sauf quelques cas ponctuels).
Attention: l'analogie populaire va souvent ŕ l'encontre de la norme: l'ignorance des origines étrangčres ou du caractčre savant de certains mots les fait prononcer conformément ŕ la „rčgle générale”, ce qui est par ailleurs stigmatisé par les dictionnaires et par les puristes (cf. p.ex agenda prononcé (incorrectement) [a***da] et non [a***da] ou oestrogčne prononcé [*str***n] tandis que la prononciation correcte est [*str***n]).