a Jean de Berry, c’est un puissant seigneur avec qui ii faut compter, quoique "sans grani desseins politiąues"61. Au dire de Michel Pintoin, i] aurait tui aussi etc doue d’ui exceptionnelle eloquence et, comme son neveu Louis d'Orleans, d’une grandę habilete dans
discussion: nQuociens super negociis regni celebrabantur consilia, łuculenter proponend discuciendo et ctiffiniendo causas, assistencium judicio famosissimos eciam orator es facund superabaf (VI, 30). Le chroniąueur lui attribue un róie decisif dans la formation de la ligue <
Gien (1410), acte de naissance du parti armagnac:
Le duc de Benfy], qui par son amonie (imperio) exeręait une grandę influence sur les opinions d autrcs. demontra doąuemmcnt dans un long discours iprolixiori sermone et łuculenter ostendit) qoe justice etait violee et fouiće aux pieds de mille manieres El comme il etail de tous les princes d fleurs de lis le plus habile dans Fart de la parole (uf erat facundissimus super omnes aurea lii deferentes)s il teur prouva par plusieurs raisons qu'ils devaient fkire alliance entre eux (IV. 318-319).
Les compliments adresses par notre auteur a un prince qui, entre tous, sut se montrer generei a l’egard de Saint-Denis, ne sont sans doute pas denues de flatterie. Christine de Pisa prompte elle aussi a louer Teloąuence des princes franęais, dh simplement que le duc de Berr qui figurę parmi ses protecteurs, est "de doulce et humaine conversacionH, courtois et affable*5
11 n’y a en revanche aucune complaisance dans Pattitude du Religieux a 1’egard de Je* sans Peur, qui devient duc de Bourgogne en 1404. Le successeur de Philippe le Hardi n’a ni charisme, ni rćioquence de son pere. Michel Pintoin le dit sans ambages: mSponte flueni eloąuii eleguanciam non haberet. consiliis tamen longe melior ąuam verborum ąffluencia en vel ornatu" (IV, 142). En 1418, en pleine guerre civile, a la suitę de la mort de 1’abbe Philipj de Villette, il se rend en personne a Saint-Denis pour "reconunander" son candidat aux religiei de 1’abbaye: Michel Pintoin, qui reprouve ce qu’il considere etre une ingerence, nłapprec guere le long discours (longuo sermone) par lequel le duc expose les merites de Jean c Bourbon, prieur de Deuil et Bourguignon de naissance70. Conscient de son handicap, Jean sai Peur confie souvent a des orateurs plus talentueux que lui le soin de defendre ses interets, bit
68 B. Guenće. Un meurtre. une societe, p. 141.
69 Le Livre des fais et bonnes meurs du sagę roy Charles V. ćd. citee, L 1, pp. 142-143.
70 "Ayant convoque les religieux en chapitre claustral, [le duc de Bourgogne] leur enumera dans un loi discours les merites doruj'ai parle ci-dessus, et les pria tous insiamment de voccr en sa faveur. et pour faire pti d'impression encore sur l'esprit de chacun en particulier. il ajouta: « Si vous tenez h vous assurer dćsorma mon appui en toutes circonstances »*. Le jour de Fćleciion, les religieux "procćderent [donc] au scmtin avi des dispositions qui faisaient de rinvocation du Saini-Esprit une vaine formalne", ajoute non sans depit chroniqueur (VL 277).