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vers le Yocabulaire social et politiąue rouiuain des XVIIP et XIXe sie-cles, ce qui lui a permis de donner un ouvrage fondamental et unique, tant par les móthodes utilisśes que par les resultats auxquels il a abouti (Bochmann 1979).
La meme approche socio-culturelle des faits linguistiąues marque la collaboration scientifique des Universitśs de Leipzig et de Bucarest, collaboration qui a dóbutć en 1975, a laquelle est vcnu se joindre l’Institut d’śtudes sud-est europśennes. Cet esprit de collaboration a caraetere niulti-disciplinaire, prśsent dans les colloques bilatśraux annuels, s’est matę-rialisó d’ores et dój& dans un voluiue d’ótudes. L’objeetif a atteindre demeure un Dictionnaire roumain des concepts sociat/x, politiątics et cultu-r°ls des XVIII* et XIXe siecles.
3. Selon nous, un tel dictionnaire peut rendre compte des change-ments les plus subtils qui ont lieu dans le domainc idóologique conune dans celui des mentalitós,pour une pćriode donnśe. Pour la culture roiunaine moderne, une telle póriode est rcpresentće par les XVIII® et XIX° stecles. Les concepts et 1’ensemble des mots groupós autour de ces concepts (tennes de specialitś, termos pris & la langue commune ou bien ein-plois mśtaphoriques de certains termes) refont sous nos yeux le jeux des mćcanismes mentaux. Ećflexion, mais aussi action, ces concepts et leur sphfcre lexicale reconstruisent le long cheminenient des idees, le va-et-vient de la pensóe que surprend l’expression linguistique. C’est dans ce sens que retiendra notre attention le chemin parcouru, dans la langue roumaine, par un concept politique de base : NA^piB — NA^piUXE — nation (Toma 1980).
Des l’abord, notons la distribution gćographique et la dćterniina-tion temporelle des variantes phonśtiques, telles que nous pouvons les surprendre dans les docmnents ócrits. Ainsi, la formę NA^IE apparait en 1796, en Valachie, dans la traduction roumaine manuscrite de l’oeuvre de Florian, Numa Pompilius, par Ioan Cantacuzino. La prdsence dc ce terme semble etre le fruit du hasard — un hapax legomenon — d’apres sa frćąuence extremement faible dans les ócrits de l’ópoque, pour la nieme zonę gćographiąue.
En Gchange, une deuxieiue vaiiante, de naturę ćtymologiąue, ^AflON, est frśqnente en Transylvanie apres 1770 (en 1799, chez Paul Iorgovici, Obsernalii de limbd rum&neascd, cf. DLE, s.v., mais dćja en 1773, dans les ćcrits imprimćs socio-politiques, scientifiques ou littśraires, comme nous avons pu le constater. Cf. Eadu(,iu-Gyómant 1975). En Valachie, ce terme apparait en 1825, sa frequence augmentant apres 1829, par sa diffusion dans les journaux de l’epoque, et surtout, dans le Curierul rom&nesc. La Moldavie atteste la prćsence de ce terme en 1822, dans l’oBuvre de IonicA T&utul, et en constatc la frequence, sept ans plus tard, en 1829, dans la presse du lemps.
Ces quelques donnćes concernant EA^TE nous permettent de conclure doublement: d’un cótś, il s’agit d’une diffusion et d’une cireula-tion inter-zonale et del’autre, d’une chronologie variable. Par consequent,— et nous śtayons notre argumentation sur la frćquence d’emploi du ternie et son eonditionnenient ideologique —, EA^IE apparait en Transylvanie a la fin du XVIII* siecle, s’impose dans une ambianee d’effervescence nationale et politique, lorsque prend naissance et se contoure l’idee do