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*RE LOUIS ROZYN^S. R£DACTEUR EN CHEF

in homme politique se rejouit publi-t, il est malin, en regle generale, de ir de ce qu il n’exprime pas. Frequem-> ministres de la Culture franęais et al-s’inquićtent et se rejouissent tour a velleites de la Commission europeen-pencher sur les reglementations euro-sur le prix unique du livre, puis de •n de ces projets.

sobservateurs,en France, au risquede )our d’irremediables inquiets, sont •ment attentifs aux tentatives bruxel-e mettre fin aux pratiques de prix lalieres entre FAllemagne et 1’Autriche, rtiennent, au-dela de leurs frontieres, le zonę linguistique et aussi culturelle. va des lois comme des pelotes. On tire et Fon sait ce qui arrive. role de Fepouvantail ultraliberal, le dais Kareł van Miert a ete remplacć te par 1’Italien Mario Monti au poste lissaire europeen a la concurrence. On Fon perd, on ne sait jamais ce que Ton t-on. En Foccurrence,quoique discret, i nest pas Fallieobjectif des partisans inique,a entendre les responsables du >rein, le syndicat uni des libraires et •urs allemands, qui sont en premiere lobbying pro-prix fixe.

/ a un an, un vote avait, de peu, re-es assauts des liberaux contrę les te* i prix unique. Le nouveau gouverne-opeen,et aussi le nouveau parlement, antexte mondialisant qu’on sait,pour-?n se meler d’aider FEurope a contrer ue dans les batailles commerciales qui nt. Quitte, par inadvertance ou irres-ite, a mettre fin aux reglementations alieres. Quid dailleurs, a ce propos, de rancophone, la Belgique pratiquant le ? et la Suisse le prix fixe? tout a leur expansion, les adversaires Lang etaient la Fnac et les hypermar-ir endiguer les degatsquils commen-faire dans les rangs des libraires, il a mter ce texte etrange qui, apres trois le la croisade emmenee par Jeróme est parvenu a apaiser le tissu des li-

II est temps de pratiquer le' meme lobbying a l’anglo-saxonne que la nouvelle generation d'adversaires du prix unique, sinon le risque est grand de devoir marcher beaucoup pour acheter le prochain livre d’flndre Schiffrin, a moins d'avoir un ordinateur equipe dun modem.

F.n 1999, paradoxalement, les defenseurs ob-jectifs de cette meme loi Lang sont moins nombreux. Les groupes savent que la survie des librairies ne tient qua elle mais, općrant dćsormais sur les marches anglo-saxons, ils

commencent a apprendre a operer dans un autre contexte commercial. Etrangement, la Fnac est, parmi les industriels, son plus bruyant defenseur. Rien d^tonnant a ce re-tournement historique : elle a durement acquis puis renforce son leader-ship, ces vingt dernieres annees, sans avoir a - sans pouvoir - jouer sur les prix, donc sur les marges. Qu’aurait-elle h gagner a pratiquer le discount de-main? Rien. Au contraire. Elle verrait ses marges sur le fameux coeur de Foffre fondre avec les prix agres-sifs qu elle serait tenue de pratiquer face a la concurrence rćveillće des hypermarchćs, chez qui les seuls livres quon connait sont les livres de comptes,et face a celle, liberee de «cette fichue loi Lang»,des libraires en ligne qui enfin tien-draient leur revanche sur les libraires en ville. Et puis, elle devrait depenser des sommes folles en publicite et en promotion pour an-noncer ses discounts. Bref, Mary Higgins Clark, qui se vend aujourd’hui comme des baguettes le matin, deviendrait presque un auteur a risques comme un autre.

Mais tant que les tenants du liberalisme, a Bruxelles, nagissaient que par doctrine, les coups de semonces de Catherine Trautmann, de Michel Naumann ou des syndicats profession-nels franęais et allemands pouvaient suffire a eloigner quelque temps le danger. Aujourd’hui, ce sont les operateurs de telecommunications, forts de leurs soutiens boursiers, mais faibles parcequilsen sont lesotages,qui se melent de ce marche du livre, qu’ils ne trouvent pas sans charme, mais tellement sous-exp!oite...

Tandis que Fon cherche en France a lirę Fave* nir dans le sombre portrait que fait Andre Schiffrin des maisons d^dition americaines dans son livre L'ćdition sans editeurs (2500 exemplaires vendus a ce jour, meditons au passage ce chiffre), nul ne songe a observer la Grandę-Bretagne, laboratoire europeen du prix librę depuis la suppression du Net book Agree-ment en septembre 1995. Layant peręu comme le feu vert qu’elles attendaient, les chaines anglaises et americaines surencherissent en lanęant tour de bras de v^ritables paquebots ^ livres, les libraires indćpendants disparais-sent a la chaine et, surtout, la production a baisse (ce qui nest pas toujours une bonne nouvelle), les auteurs gagnent moins car leurs contrats prevoient de plus en plus souvent de deduire de leurs droits les rabais que leurs editeurs sont obligćs de pratiquer aux chaines, lesquelles doivent bien faire payer a quelqu’un le discount de plusieurs dizaines de points quelles pratiquent sur les nouveautćs. Bref, les libraires, quels qu^,ils soient, gagnent moins, les auteurs gagnent moins, les ćditeurs gagnent moins, et les agents aussi,ce qui nest pas le plus grave.

Revenons sur le continent. Tandis qu‘on se res-source & la lecture de Schiffrin, on se fait peur en parlant de Proxis, la fameuse librairie en ligne belge qui menace de s’interesser serieu-sement k la France, ou plutót au marche fran-ęais, puisquelle nest pas tenue de s’y installer pour y vendre. On peut, depuis un an, acheter sur ce site des livres a des prix, peu concur-rentiels, soit, mais ouvertement hors la loi. Et chacun, depuis un an de menacer d’attaquer ou d^tudier le dossier. Que le dossier Proxis, donc, soit sur le bureau du directeur du livre au mi-nist^re de la Culture est-il pour rassurer? Chez Amazon,chez France Tdecom.chcz British Telecom, pour ne citer queux, sait-on qu’en France il y a une Direction du livre? En d autres termes, il est temps de pratiquer le meme lobbying h Fanglo-saxonne que la nouvclle gene-ration d’adversaires du prix unique. sin(m le risque est grand de devoir marcher beaucoup pour acheter le prochain ltvre d Andre Schiffrin, il moins d’avoir un ordinateur equipe d un modem.

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