une science, c’est la science de 1’insolubilite, science de 1’insolubilite de 1’insoluble, de 1’impossibilite de resoudre le temps metaphysiąue de la verite philosophiąue qui ne peut s’exterioriser que dans le passe historique de la presence. Quelque chose peut etre present a la condition de gagner son identite, etre “le meme”, dans quoi il n’y a plus de place a quelque chose d’autre. Le fait de remarquer par Derrida que la philosophie traditionnelle qui preconise cette vision de la presence (de l’existence), elle meme, comme Vincent Decombes 1’aperęoit a juste titre, n’est pas identique a ce qu’elle est, a provoque bien evidemment ime inquietude dans les cercles academiques, hostiles a toutes sortes d’imprecision, contrę laquelle, deja des son premier texte L‘Introduction d rOrigine de la geometrie de Husserl, Derrida mene une sorte de guerre d’escarmouches. II la mene d’une maniere pervertie en ecrivant des livres qui, il le dit lui-meme, ne sont pas tout a fait livres et en annonęant dans sa Grammatologie, livre plutót epais, la fin du livre et le debut de 1’ecriture. Autrement, Derrida tache de demontrer, ou tout simplement montrer 1’imprecision implicite ou inscrite dans les faits apparemment objectifs et incontestables comme par exemple le fait qu’en lisant le livre de Derrida nous lisons vraiment le livre de Derrida. En le faisant, Derrida critique la presence (existence) de la verite muette postulee par la metaphysique, verite existant outre 1’ecriture, la verite contenue dans un livre quelconque dont la presence materielle ne constitue pas Pexpression de cette verite mais un recipient ou se retrouve la verite nue, verite de la langue, revee par les philosophes, absolument univoque, qui pourtant, en tant que langue, ne peut pas etre univoque. Pour le dire autrement, la langue de Derrida en exprimant la verite en meme temps la licencie. Chez Derrida, ce jeu n’est pas fortuit. Cest la preuve que toute presence postulee est double, qu’il n’ya pas de difference en soi, de notion d’un fait primitif dont l’existence est pour Derrida (dans Marges de la philosophie) l’exemple de 1’irresponsabilite philosophique qui consiste a mettre a 1’egalite ce qui est aprioriste a ce qui est empirique.
Ce n’est donc pas ainsi, comme le voudraient de nombreux critiques de Derrida qu’il renverse la verite au profit du relativisme, aussi bien ethique qu’epistemologique. Derrida etudie la verite, dechiffre tous ses enregistrements, toutes ses representations, non dans le but de la renverser, mais pour constater que c’est 1’ecriture qui constitue la possibilite de son existence, 1’ecriture dont la lecture,
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