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vir unc « dernićre fois aujourtThUi. lui dit-il ; quand
> je serai mort, mon cher abbe, portcz-la vous-mC*ine » a ma mere. » Cc que jc sais, c’est qu’apres les prc-micrs jours de dangers et de fatigues partages. les ofTicicrs, les sous-ofTiciers, les soldats s’ćtaient ćpris d'une affection pnssionnće pour le prćtrc, et sollici-taient coinmc une faveur qu’il vint partager leur rcpas et slasseoir quelques instants sous leur tentc Ce que je sais enfin, c’esl que cettc croix de la Lćgion d'hon-neur fut rćclamće par les tćinoins de sa conduite commc un acte de justice, comme une dette du corps expćditionnaire ; jamais, lui ćcrivit-on, dc toutes parts quand il la reęut, elle ne fut mieux gagnće par aucun soldat. Mes frfcrcs, est-il etonnant que le soldat soit un bon jugc de rabnegation, du dćvoucment, dc la charitć elcvee jusqu’au sacriflce ?
* Pic IX aussi ćtait un lw)n juge dc ces grandes vertus esscntielleincnt sacerdotales. Hćtabli sur le tróne de Saint Pierre par la Filie ainee de 1’Eglise, on lui prćscnta Ic jeune chapelain comme une des gloires de notre armee ; le grand Pontife 1’accueillit commc une gloire du saccrdocc de Jćsus-Christ. II le serra •ur sa poitrine, il baigna son front et scs epaules de larmes paternellcs. * Restez, * lui dit-il, « restez avcc » nous, mon lils ; les pretrcs comme vous appartien-
> ivent de droit au Saint-Sii?ge ; ne craignez pas les
> honneurs, car Dieu vous a fait capable de porter les » fardeaux. * Martial efTrayć, rctomba aux picds du Papę ; il pleurail aussi ; il pria, supplia, il demnnda grace); c’ćtait dans son pays, c’ćtait dans Pobscurite qu’il voulait excrcer son ministćrc de prelre. Le Papę se laissa fi ech i r ; pcut-etre dailleurs pensa-t-il, ii la vue de ce visage amaigri, que«l’air natal et un long repos etaient nćccssaires pour rćparer des forces que quarante-sept jours de fatigues apostoliques et d’in-somnie avaient nbsolument epuisćcs. Martial fut donc rendu k la Bretagnc ; il lui fut rendu sans aucun titrc
honorifiquc. parce qu’il avait obtenu, k force d’instan-ces. qu’il ne lui en f£t point donnć ; il vint (c’etait son ambition commc cellc de son compngnon La Tour d’Auvergne) prendre rang commc simple soldat dans cette sainte armee, oii nous estimons que tout 1’hon-neur est de bicn faire... » (1)
Avec quel bonheur ces deux amis se retrouverent-ils, rćunis niaintenant dans leur chćrc Bretagne, et quel$ entretiens ćmus ct intarissables sur les ćvene-ments que couronna Tentree victorieuse des soldats franęais k Konie, le 4 Juillet 1849 !
Peut-ltre M. Testard fut-il chargć d’apporter k M. de Leseleuc 1'indult qui lui confćrait le titre et les pouvoirs -de Missionnairc apostolique. Leopold renou-vela ses instanccs nuprćs de Mgr Graveran et sollicita la favcur dc realiser ses aspirations, retardees par la sagesse de l'Ev6que, et de se consacrer au ministóre de la prćdication ct des rnissions. Le consenternent fut donnć et nous trouvons a la datę du 15 Septerabre 1849, dans le registre du Conscil episcopal, la decision suivante :
« M. de Leseleuc est autorisć a quitter ses fonctions de professeur au Sćminaire, a se consacrer k la predi-cation et k faire usage des pouvoirs de Missionnaire Apostolique rcęus du Souverain Pontife.
> f Joseph, Evique de Quimper. >
M. Testard lui succćda dans la chairc dHistoire Ecclćsiastiquc au Sćminairc. i
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(1) Oroison funłbre de Mgr Testard dn Cotguer, pages 9-20.