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siacie fournit assez d’ślśments pour permettre de reconnaitre ce proces-sus. Tributaire du nśo-aristotślisme padouan, 1’enseignement des ścoles grecques, de Constantinople et Athónes a Bucarest et Jassy, introduit dans la traditionnelle yision chrótienne de 1’uniyers et de 1’homme — — yision essentiellement thśocentriąue ou Dieu, par l’Inearnation, donnę a sa eróature le maximum de sens et de valeur — la « conception tragi-que »⁹⁷ d’une vśritś extśrieure et inaccessible & 1’homme. Petit h petit, c’est tout le visage du monde qui se modifie. Dśsacralisće, la cróation, dans laquelle les Peres de l’Eglise s’ótaient efforeós de dśceler la tracę du Crśateur, ne sera plus qu’une immense et parfaite machinę, travail-lant pour l’actualisation du fascinant uniyers de formes renfermśes en puissance dans la matiśre. Et, comme toujours, la place privilśgiśe accordśe a la naturę est soustraite a la thśodieóe, k la psychologie, a l’óthique. Aussi occupe-t-elle une place minime dans l’ceuvre de Cremonini, ainsi que dans celle de Corydalśe, son successeur. Dieu, qui n’intervient plus dans les lois de la naturę, l’ame, simple partie de la formę du corps et, par consśquent, matśrielle et mortelle comme celui-ci ne sont plus les principales eoordonnóes de la rśflexion.

Quelques annśes de rópśtition et d’exóg&se scolastique des ścrits corydalśens furent suffisantes pour gagner Padhśsion d’une jeunesse mai dśfendue par sa maigre śducation thóologique et, surtout, śleyśe dans l’admiration d’un Occident exportateur de medicaments, d’armes de machines, de marchandises, d’idśes et d’armśes comme 1’Orient n’avait jamais vu et ne pouvait en aucun cas produire. Quelques-uns d’entre eux professeront par la suitę la nouvelle doctrine a leurs cours, dans des manuels ou dans de petits commentaires didactiques. Mais, chez la plupart, cette ódueation aura pour effet de les faire rompre avee l’ancienne mśtaphysique chrśtienne, d’ćbranler leur soumission aux autoritśs doctrinales traditionnelles et de susciter en eux 1’espoir en des changements radicaux, notamment d’ordre politique et matóriel, garantis par des lois objectives et naturelles; car il ne faut pas oublier que toute cette jeunesse n’ótait pas venue k l’ścole de la philosophie « nóotśrique » et « exterieure » par curiositś, mais par nścessitó, poussće par des motifs immśdiats plutót que par une inquiśtude intellectuelle. Le rśalisme medieval des penseurs byzantins s'etait transformó chez leurs descendants en un pragmatisme qui nous rappelle la eonyiction de Descar-tes qu’on peut «rencontrer beaucoup plus de yśritó dans les raisonne-ments que chacun fait touchant les affaires qui lui importent et dont 1’śyćnement le doit punir bientót aprós s’il a mai jugś, que dans ceux

⁹⁷ G. Gentile, Bernardino Telesio, Bari, 1911, citć par Febvre, op. cit., p. 405.