7
108
president a 1’elaboration de 1'image d'un personnage et a la ligne de partage qui peut exister enirTles personnages ou entre le Je et les per-sonnages. On sera donc attentif a tout procedć d'inclusion et d'exclusion, au choix des personnages masculins et feminins, au choix de leur sexe par rapport a leur appartenance politiąue et culturelle par exemple. On mettra en lumiere le systeme de ąualification differentielle qui permet la formu-lation de 1'alterite, a travers des couples oppositionnels : sauvage vs enfant (ou etre infantilise), etre superieur vs inferieur. On verra comment des structures peuvent relayer des principes d'ecriture, de nomination pour en faire des principes de domination symbolique.»317
On ne s'etonne pas de l'exclusion presque complete des autochtones dans Le Sang des Races de Louis Bertrand car c'est aux peuples latins de «raviver la tradition de l'Afrique Iatine. Leur presence sur le sol d'Afrique se justifie par un droit naturel, puisque seule la civilisation romaine aurait laisse des traces durables dans la region, les autres envahisseurs 1'ayant passablement ruinee : “Les conquerants arabes n'ont rien ajoutć a 1'hćritage de Romę; ils se sont meme employes a detruire tout ce qui ne s'imposait point a eux par la force de 1'habitude ou du climat. Apres avoir tout saccage, ils n'ont rien su reconstruire.”»318
Alger est envahi par des populations nouvelles, surtout par des Espa-gnols, des Italiens, des Maltais, sans parler des Franęais dont la presence est evidente et jamais contestee; nous avons dćja montre 1'absence chroni-que de 1'autochtone dans le roman bertrandien (dans la partie de notre travail ou nous nous sommes occupee de 1'analyse lexicale concemant l'autre). Si l'Arabe apparait dans Le Sang des Races, ce n'est que pour etre souvent confronte a celui dont les origines sont autres que les siennes : un couple oppositionnel : etre superieur vs etre inferieur se rćvćle donc ade-quat a la conception bertrandienne de la formation du peuple nouveau, peuple algerien ou 1'indigene sera reduit au role de serviteur : l'une des rares images de 1'Arabe dans ce livre presente deux petits indigenes cirant les bottes de Rafael et de Pepico; ainsi la relation d'opposition entre les representants du peuple nouveau et l'autochtone est misę en evidence.
Rapelons apres Roland Feredj que Louis Bertrand
affirme, sur le plan historique, le bon droit de la France en Algerie, il laisse
de cóte la population indigene qu'il ne connait pas et dont il se mefie.
Jl7 D. Pageaux, La lilleraiure generale et com/tarce. op. cit., p. 68.
3I* A. Calmes, Le roman coloniul en Algerie anint IV14. op. cit.. p. 89.. nous cilons apres lui la citaton de la prćface d'Africa de L. Bertrand (reedilion sous un nouveau titre du JarJin de ta Mart, paru en 1904), Paris, Albin Michel, 1933. p. XVI.