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autant qu’il a cessć d’etre vu objectivement ou de voir subjectivement: c’est un personnage qui franchit passages et frontieres parce qu’il invente en tant que personnage reel, et devient d’autant plus rćel qu’il a mieux invente72».
Joveneau intercede pour Perrault, comme pour le marsouin de Pour la suitę du monde, il est dans cette sequence, intercesseur de premier niveau. C’est par lui que procede et avance Phistoire et que Perrault construit le monde de Ste-Augustine. II construit et participe a la force de la puissance du faux.
Passons maintenant a la sequence ou Serge-Andre Crete admet son crime (avoir saoule des Innus) est juge, puis amnistie. Dans notre rapport au rituel, c’est Papproche au temps que nous observerons ici plus particulierement
(a 59 >) La sequence se deroule en cinq lieux distincts et en trois temporalites differentes. Une « live » et une ou, en quatre autres lieux, on aura Yhistoire, c'est-a-dire le point de vue de Taccuse (Serge-Andre) et de Taccusateur (Pere Joveneau). Perrault a choisi d’equilibrer les sćquences a posteriori partageant la parole egalement entre les deux protagonistes.
lcr temps, ler lieu : dans une tente de prospecteurs, Serge-Andrć raconte son point de vue a trois autres compagnons. On ne le verra jamais de face, toujours de dos : on concentre sur la voix. Pour accentuer cet effet de distanciation entre le son et Pimage, Perrault nous montre Basile Bellefleur qui prepare sa banik, un procedć qui fait que le spectateur se concentre sur la parole, ce qui en augmente la force dramatique. Serge-Andre raconte son crime, goguenard.
72 DELEUZE G, 1985, Cinema 2 fimage-temps, Paris, Les Śditions de Minuit. p.198