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Comptes rendus

pas lineaire et progressive, la somme de tout ce qu'on lit. Eątre 1'ecrit et le lecteur s'installe la distance, le souris, mćine l'oubli». La chose la plus importante qui nait dans cette pćriode c’est «la lćgimitć de revendiquer, de penser contrę, de n'etre plus attachć k, de penser en creu-aant un ćcart entre soi de 1’Etato.

La deuxićine partie du livre, « Le mauvais discours, formes et motifs *, intćresse surtout pour 1'attention portee sur la diversitć, la mobilitć et la fragmentation de 1’opinion, sur sa re~ lation avec les lieux et les situations ou elle uait, sur les formes qu’elle prends (placard, satire, anecdote). Les motifs qui dćterminent une concentration des avis et des critiques se trouvent dans l’univers de chaque jour (miracles, catastrophes, histoires singulićres, sorcellerie, la misćre -et 1’insecuritć, l'activite visible de la police) ou dans l’univers de 1'Autre, du Roi et de la Cour, mais aussi dans les ćvćnements extraordinaires (guerres, famines, traitćs de paix, les convulsio-naires de Saint Mćdard etc.). L’opinion, fragmentćć, s‘attache k une multitude de nouvelles qui circulent (des bruits et des rumeurs, mais aussi des nouvelles importantes) qui, m6me ou-bliees, ne remportent pas le dćsir fondamental de savoir, de s'informer.

La plus intćressante partie de l'ouvrage est peut-ćtre la troisićme, «La parole embas-tillee *, qui essaie de surprendre les transformations dans le sentiment colectif k 1’ćgard du roi. Arlette Farge met en ćvidence quelques aspects trćs particuliers du problćme: la crćation d'une figurę royale double (roi menaęant, qui punit ceux qui ne 1'aiment pas — roi menaęć, mis en danger parce que dćpourvu de son amour pour ses sujets, nić par le mauvais discours); l'ima-ginaire ok tuer le roi est un acte k la fois dćsire et rejete, mais considere nćcessaire, juste, con-cevable et possible (puisque le rćgicide avait dejć, survenu, 1'attentat de Damiens); le pro-cessus dans lequel roi et sujets se transforment rćciproquement (unephrase trouvće dans les archives le rćsume: «Tes sujets valeureux mćritent un roi qui les surpasse»).

Le soin d'ćviter les schćmas, trop simplificateurs, manifestć par Arlette Farge, trouve ici un terrain favorable, car le dćbat historiographique Sur la «dćsacralisation » de la monarchie franęaise au XVIII⁶ sićcle est loin d’ćtre fermć. Le problćme, pour 1’auteur de cet ou-vrage, « n'est pas de mesurerle processus inexorable de la d^sacralisati n , mais ce que compte c'est la conviction que parler ouvertement sur la <r chose de 1'Etat» est lćgitimC et mćme nćcessaire, que les sujets ont le droit imprescriptible de s'informer des affaires du temps, de demander compte au roi pour ce qui ne va paś bien dails le royaume, de partager le śecret

de l'Etat.

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Arlette Farge a choisi, pour mener sa recherche, un domaine qu'on peut assez dif-■ficiteinent envisager comme objet d'ćtude pour 1’historien, mais qui constitue, de^Hiis quel--que temps, une partie des preoccupations d'un certain nombre de chercheurs. «Dire etmal -dire * couronne un travail dont le but est de suivre les ćtapes de la construction d'une opi-*nion publique qui n'apparait^as tout d'*un coup, comme produit d'un simple processus* d’ac-cumulation des « mauvais propos ».

Les conclusions insćrćes k la fin du volume resument clairerpent son contenu. L’ou-■vrage n’est pas muni d'une bibliographie; il y a pourtant une partie substantiejle dćdiee aux notes, ou on peut mentionner les principaux travaux ayant quelque rapport avec le sujet.

Pour conclure, on pourrait ranger le livre d’Arlette Farge parmis ceux qui, dans l'his-torjographie du XVIII^C sićcle, ne cessent, depuis quelque temps, de dissiper toute une somme d’idćes acquises qui faussaient la comprehensipn de la pćriode prćcćdapt la Rćvolutioa Fran-^aise par une lecture en termes de nćcessite et de diffusion simpliste des idees sub/ersives.

Cr i ślina len

^MIHAI MAXIM, Tdrilc Romanę si Inalta Poartd. Cadrul juridic al rclaptilct r eman o-otomanę in evul mediu. Bucureęti, Editura Encjclopedidi, 1993, 299 p.

Aprćs la publication de plusieurs sources ottomanes dans des diffćrentes revues spć-■cialisćes, mais aussi aprćs la parution du volume Culegeri de texte otomanę (Presses de l’Univer-sitć de Bucarest, 1974), aprćs de nombreux travaus qui apportent des ćlćments nouveaux A une meilleurs comprćhension des rapports politiques, juridiques, ćconomiques, et financićres roumano-ottomans, l'auteur nous offre maintenan^ un premier volume de synthćse.