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pas moins effective et operante que les autres, de ce qu'on appelle par pure commoditć [...] 1'Orient.
L'auteur de La Rosę de Sabie est toujours attentif aux indices topi-ques, investissant ainsi son roman d'un poids documentaire important; au moment de mentionner pour la premićre fois le nom de Tamghist, il s'em-presse d'informer le lecteur de la prononciation correcte de ce vocable; en bas de page on trouve la notę suivante : «Prononcer Tamrhist.»279 Ce pedan-tisme documentaire apparaft dans de multiples descriptions de sites maro-cains et algeriens ou le soin du detail occupe une part importante du discours; dans la prćsentation du bordj de Birbatine, Pecrivain ne recule pas devant le moindre detail, aliant jusqu'aux dimensions exactes du bordj:
Le bordj, qui avait quelque cent metres de long sur quatre-vingt-dix de large, etait, [...], dispose comme un cloitre. Murę a l'exterieur, il ouvrait sur la cour interieure - que des arcades bordaient sur deux cótes - les portes de ses nombreuses cellules, ce nom etant celui qui convient a la petitesse de ses locaux. Le tout formait une vraie petite ville, pouvant vivre sur elle-meme.
Par contrę la relation de la visite du ksar effectuee par Auligny et le fils du catd, Jilani, deęoit la curiosite du lecteur, deja habitue aux caracteri-stiąues trćs completes des endroits frequentes :
Le ksar, habite par un millier de personnes, consistait en deux rues princi-pales, comparables aux moindres des souks de Fez ou de Rabat. Le reste du village etait compose de cases de toub.281
La modestie de ce decor marocain s'accorde avec la mission d'Au!igny qui vient a Birbatine preoccupe surtout de son devoir militaire. L'archi-tecture marocaine s'avere ici trop modeste, standardisee, pour celui qui arrive sur de sa mission civilisatrice a accomplir. Cette courte description se situe au debut du roman, donc a un moment ou le lieutenant n'est pas encore liee avec Ram, une jeune filie indigene. Au fur et a mesure que son affection pour la filie indigene grandit, tout ce qui conceme la vie de 1'autochtone suscite son intćret; sa visite de politesse rendue a Regragui, pere de Ram, revdle a quel point la fascination personnelle change la perspective du regard sur 1'Autre : on devient curieux de son modę de vie, d'ou un plus grand nombre de details concemant son quotidien. Cette visite est aussi une rare occasion d'entrer dans la maison de 1'indigene : 271 A. Buisine, L'Orient voile, Zulma, 1993, pp. 12-13.
279 Ibid., p. 63.
280 Ibid., p. 75.
2" Ibid., pp. 80-81.