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se converlit et continue a mcner ensuite unc vie exem-plaire ; c’est un sorcier*qui rend A son confesseur le pacte qu’il avait fait avec le dAmon, ou un sectaire qui livre scs insignes maęonniques ; c'est un touriste qui trouve brusquement la vocation religieuse dans la bosi-lique qu’il Atait venu visiteren indifTArent.
Plus souvent 1'influence de la grAcc, qui s’exercetour A tour et sur les Ames pAcheresses et sur les Ames saintes, bien qu'aussi rAelle, demeure moins visible. « Combicn d'injures oubliees, de rancuncs ensevelies, de larcins restituAs, dinjuslices rAparAes, de querelles accordAes, combicn de faux contrats mis A nAant!... » Ainsi parle le P. Ilugues ; et chaque mot de cette longue AnumAra-tion rappelait sans doute A celui qui l'Acrivait des sou-venirs personnels. De ces conversions journaliAres le monde n'aperęoit rien ; le confesseur qui en a AtA le seul tAmoin, est aussi le seul A qui il soit dAfendu d en rAdiger le procAs-verbal. Mais, ajoute le mAme histo-rien, « Dieu en tienl le registre en son livre de vie » (1).
Les justes n'y bAnAficient pas moins des faveurs de la grAce que les pAcheurs.
Les personnes dAjA pieuses s'y fortifient dans leur pietA, et les Ames les plus saintes trouvent encore A se sanctifier davantage: elles reęoivent ici les unes le don des larmes, les autres une humilite encore plus pro-fonde, celle-ci la patiencc dans des maux inexpri-mables, celle-lA unc force nouvelle pour rAsister aux sollicitations du mai. « Enfin, ajoute le mAme auteur qui a voulu resumcr lui-mAme en quelques mots les
(t) P. Hugces, p. 300. — M»r dc Slgur cite deux cicmples de conrersion tr£s ćmouvants.
Cf. P. Mathias, p. 433. — Pour cc qui est des miraclcs spiritucls ceux*U sont k rintini et U n'y a que les tribunaus de plnitence qui les puissent nombrer, commc ii n’y a que les cODfc6scurs qui les puisseut connaltre.
L'auteur que nous citons emploie le mot • miracle » dans le sens large. Au sens th*ologłque du mot, le mtracle est un fait dA k la seule intervcntion divine, mais exterieurcmcnl tisible et propre k produire 1'Atonnement (suirant 1'ćtymologie du mol młroe mtrari).
LES MIHACLKS
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grAces dont il Atait intcrdit au confesseur dc rAvAler le dAtail, on ne peut ve»ir ici sans ressentir les effets extraordinaires de la grAce et des dAsirs de mieux ser-vir Dieu » (I).
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La grAce, voilA le don maternel et royal de Sainte-Anne: les faveurs purement spirituelles ne tAmoignent pas moins dc puissance et de bontA que les miracles proprement dits; convertir un pAcheur est une chose plus grandę que ressusciter un mort (2).
Dans les lieux de pAlerinage, le miracle, c’est-A-dire la guArison des infirmitćs, est presque tout aux yeux de la foule ; aux yeux dc Dieu, ce n’est presque rien ; d’ordinaire il n'est entre ses mains qu’un moyen pour rAaliser des fins plus hautes.
Dc plus, ces faveurs ne sont pas intermitteritęs comme les autres. Et ce n’est pas A quelques personnes privilAgiAes entre mille autres qu’elles s’accordent, mais indistinctcmcnt A tous les pAlerins qui les sol-licitent.
Kbranna nest donc pas seulement, comme disait le P. Mathias, une des chapelles de 1’Europe od s’op6rent le plus de miracles, mais un des endroits du monde ou l’on se sanctific le plus.
(1) P. Mcouks. p. 303.
(2) Cf. P. Mathias, p. 432. — « Pour moi j estime bien plus les
miracles secrets qul ne se peuvent publier, les converslons pro-digieuses des pAcheurs endurcis, des confessions d'une cinąuan-talne d annAes, et, ce qul est la plerre de touche, le changcment des Ames & une meilleure vie. ■ -
(3) Ce vers Atait inscrit dans l’ancienne chapelle de Sainte-Anne d'Auray. au-dessus de la statuę miraculeuse.
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