26 SAINTE-ANNK DAURAY
aux ayant-droit, en dćpouillant k la fois le proprić-taire de 1'immeuble et la paroisse (1), on ne saurait mśconnaitre que son intervention n’ait ćtć providen-tielle, en empóchant l,acqućreur, dont 1'absence totale de scrupules nous est si connue, de la dćtruire ou de la livrer& une destination profane.
En 1802, la paix religieuse ćtant signće, les ćglises furent rendues au culte, la chapelle de Sainte-Anne comme les autres; et 1’administration imperiale, s’ar-rogeant les mdmes droits que 1’administration rćvolu-tionnaire, la mit avec tous ses revenus k la disposition de M**- de Pancemont. L'ćvćque de Vannes entrait ainsi en possession de la chapelle avant mćme d’en avoir fait l’acquisition ; et, quelques annćes plus tard, quand il en devint le proprietaire, 1’anomalie que nous venons de signaler disparaissait.
Or c'est prćcisćment au moment ofi tout semblait rentrer dans 1’ordre que surgit, sur un autre tcrrain, le conłlit inattendu dont nous allons raconter les phases successives.
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La chapelle continuera-t-elle d’ótre cxempte, comme elle l'a ćtć depuis le dóbut, ou bien, dans le nouvel ćtat de choses, va t-elle perdre ce privilóge et devenir paroissiale ?
Tel est le litige qui va surgir entre le recteur de Plu-neret et le directeur du Pólerinage.
Le recteur, M. Cadoret, 6 son retour d'exil trouvait sur son territoire une chapelle de communautć deve-nue vacante : il s’empressa d’en prendre possession
(I) Le proprićtairc d’unc chapelle livr£e au culte a incontesta-blement le droit de percevoir une partie des oblations: droit d‘in-demnitć pour 1'entretien de 1’immcuble, et droit dc location pour un ćdifice qu'il met & la disposition des fidćlcs. — D autrc part, en temps normal, le surplus des oblations aurait appartenu & la fabriquc de la paroisse.
comme il semble bien qu’il en eiit le droit, et il se mit k y prósider les offices (i).
Le directeur du Pólerinage, le P. Blouet, envoyć par l'6vdque k Sainte-Anne en qualitó de « pręfet de la chapelle », prit son titre au sćrieux, et voulut t.out natu-rellement en cxercer, les droits. Etanl luimćme un ancien próvincial des Carmes, il se figura que son Ordre rentrait avec lui en possession du couvent, et que la chapelle ćtait, i 1’ćgard de la paroisse, exempte comme nutrclois (2). .
Ces deux prótres etaient bien faits pour s’entendre : ils ćtaient amis, ils avaient souffert ensemble en exil ; ils ćtaient animćs du mśme żele pour la dćvotion de sainte Annę ; ce qui allait mettre le dćsaccord entre cux, ce n’ćtait donc ni une rivalitć de personnes ni une question d’avantages materiels ; c’ćtait uniquemcnt 1‘opposition des intćróts qu’ilś se croyaient l’un et Tautre obligćs de defendre : le premier regardant comme une obligation de retenir dans sa paroisse une chapelle si importante, le second revendiquant pour le P6lerinage l’indćpendance qu’il jugeait lui £tre neces-saire.
C’etit ćtć k l’ćvóque de prćvenir, par une dćlimita-tion prócisedes pouvoirs, une compćtition qui semblait inćvitable. Mais M*r de Panccmont, absorbć par la rćorganisation de son diocfcse, n’intervint pas; et dds lors recteur et chapelain, laissćs & leur propre initia-tive, prirent chacun 1’attitude qui lui paraissait la plus favorablc k sa cause.
Le P. Blouet prćtendait devenir le maltre k Sainte-Anne. Mais M. Cadoret ne cćda point; et il affecta de
(t) o Depuis 1’ćtablissement du culte, le recteur dc Pluneret se trouvait le seul pritre A portie de desservir 1'iglise de Sainte-Anne, et dis lors c*ćtait lui qui riglait tout dans cette Aglise, qui faisait les offices et les proccssions. n (SUmoiret du P. Cućnet).
(2) Deuxletlresdc Carmes,l’uncduP.de laMotte-Fouquet,l'autre du P. Filii Blouet, qui rćsidait alorsarecson frire A Sainte-Anne, attcstent que ces religieui n’avaient pas renonci A 1’idóe de reprcndre la direction du Pilerinage.