398 SAINTE-ANNE DAURAY
on ćtait menach en tombant entre Icurs mains, c’ćtait de se voir condamnć au supplice des galAres.
En face de leurs enncmis comme dans les dnngers de la mer, les marins se tournent vers sainte Annę; et quand ils viennent accomplir leur vceu, ils recon-naissent que c’est bien A elle qu’ils doivent d’avoir ćtć prćservsć. « Quelquefois, affirment-ils, un nuage est descendu A leur aide en lesdćrobant A la vue de ceux qui les pbursuivaient (I); ou bien le vent leur est devenu propice et contraii% aux assaillants (2) ; une fois c’est le grand mAt de 1’eńnemi qui s’est rompu avec fracas (3); d'autres fois enfin ils ont ćtć pris par les hćrćtiques ou par les musulmans, ógalement acharnćs A leur perte, mais une subite compassion du pirate, ou 1’adresse, le courage, la tćmćritć mćme des vaincus les arrachent des mains de leurs vainqueurs (4)... »
Le pćril musulman ćtait bien plus grave que le pćril de la mer. Dans les naufrages on avait A craindre pour la vie du corps; mais entre les moins des Turcs on avait a craindre en outre pour la vię de l’Ame ; ce qui atten-dait les captifs, c’ćtait en etfet, inćvitablement, 1’escla-vage, peut-Atre la mort, ou bien 1'apostasie (5).
chercher parmi ses rocbers et dans le nid ou il partage son butin i ses pelits..., nous verrons la fin de tes brigandages. » Hćlas ! cette prediction ne sest róalisće que longtemps aprAs, en 1330.
(1) Poursuiris par les Turcs, sur les cóles dKspagne, « apr*s leur vaeu. qui se At en plein jour bcau et clair, incontinent ils virent une nuće se poser entre le raisseauturc et le leur (II, 60).
(2) Dans un voyage de Terrcneuvas, « un vent, tant eitraordi-naireque favorable, les leva du danger dćtre pris » (II, 204).
(3) II, 171; Voyage du vaisseau *< La Fleur de Lyt » de Lisbonnc & Brest
(4) P. Martin, p. 216 218.
(5) Un navire coramandć par Even de la Montagne, ayant iii pris par les Turcs, l'ćquipage fut tralnć A bord du brigantin, oń l'on mit tout en <euvre pour le fairc apostasier. La rAsistancc des chrćlicns ne flt qu'irriter la (ureur de leurs ennemis. Trois d entre eux furent precipitćs dans les flots, un ąuatriime eut les bras cou-pes et demeura ncanmoins ihflesible ; les autres allaient subir le rotme sort, lorsqu'ils eurent la pensće de se vouer A sainte Annę.
L*acte est du 8 septembre 164?.
Ce sont les dćpositions de ces captifs qui formenł, dans les procfcs-verbaux, la sćrie peut-ćtre la plus pathć-tique des miracles accordćs aux gens de mer.
Parmi ceux qui ont bćnćficić de la protection de sainte Annę, les uns lui sont reconna'ssants de les avoir dćlivrćs de traitements intoićrables, pires que la