APPENDICE
Lk combat dk Sainte-Annk
Au cours des guerres civiles, qui, de 1793 k 1802, dćsolfcrent le pays, il n’y eut aucune rencontre sanglante k Saintc-Anne d’Auray.
Mais en 1815, pendant les Cent*Jours, le villagc fut le thćdtre d’un combat entre les royalistes et les impćriaux : et ce fut la premifcre affaire de la • Petitc Chouannerie ».
A la nouvclIe que le roi avait dO partir, et que le drapeau de la Rćvolution, symbole de tant de mauvais souvenirs pour les Bretons, ćtait de nouveau arborć, — ceux qui avaient combattu jadis contrę les blcus retirfcrent instinctivement de leur cachette les armes qu*ils y avaient dćposees. Si Georges et leroi de Bignan avaient disparu, leurs lieutenants vivaient cncore, dont le mot d ordre, colportć par les capitaines de paroisse, pouvait ćtre cntendu jusque dnns le dernier village et provoquer un soulfevement gćnćral. Alors on vit reparaltre Gamber avec ses gars d’£lven, Le Thieis avec ceux de Bignan, Joseph Cadoudal et Rohu avcc le canton d’Auray. a ces par-tisans dćj& aguerris ótait venu s'adjoindre, depuis deux jours, le jeune bataillon des ćcoliers de Vanncs sous les ordres de Margadel.
Des que le Pouvoir eut connaissance de la fermentation qui rćgnait dans les rćgions chouannes, il donna 1'ordre k des colonnes mobiles de les parcourir, pour arrćter le mouvement insurrectionnel et au besoin anćantir les bandes dćj& formdes.
Apr£s un chassć-croisć ofi les adversaires cherchaicnt depuis quelque temps k se surprendre, ils finirent par se ren-contrer k Sainte-Anne au mois de mai.
Cćtait un vendredi matin.
Les royalistes, apris avoir voyagć toute la nuit i travers des routes irrćguliires, faisaient halte dans le vil!agc, & la pointę du jour, avant de continuer leur marche.
Leur premier soin fut de mettre des guetteurs au haut de la tour ; puis ils se rćpandirent ę5 et 15 dans les rues et sur les places; les uns prćparant le repas, d autres raccommodant leurs ar/nes; que!ques-uns jouant aux cartes avec insouciance ou fumant leur pipę. Les ćcolicrs, avec une curiositć mólie de respect. regardaient les vieux, ces famcux chouans dont ils avaient entendu conter les exploits et dont ils allaient 5 leur tour partager la vie aventureuse.
Les chefs circulaicnt dc groupc en groupe, inspectant, encourageant, donnant des ordres en cas d‘alerte. — Cćtait Gambcr, appesanti par l'śge mais impatient de renouveler connaissance avec un ennemr qu’il avait si longtemps com-battu, et rćpćtant toujours avec le mime acccnt d'autoritć les mots avec lesquels autrefois ił entralnait ses troupes (i); c'ćtait Le Thieis, soldat d’une bravoure incontestable, mais ne possćdant pas comme chef les qualitćs toutes royales de Guillcmot; c'ćtait Joseph Cadoudal, qul n’avait d'autre arme que son pen-bah, et qui 5 sa valeur personnelle ajoutait le prestige incomparable de son nom.....
Tout 5 coup le son de YAngelut tinta dans la tour : a l’ins-tant les conversations s’arrćtent, les tótes se dćcouvrent ; chacun rćcite en silence la salutation angćliquc (2); et cet acte de pićtć, chez ces hommes profondćment religicux, fit succć-der pour quelques minutes le recueillement de la priire au bruit et 5 l agitation d’un camp.
Cependant la chapelle ne dćsemplissait pas. Au risque de se battre 5 jeun, un bon nombre de Bretons avaient tenu 5 s'y rendre dis leur arrivće.
(1) Sa harangiie favorite ćtait aussi ćnergique que brtve: Paul dnu t Un ra ar mhi, pantred t — Cc chel, qui avait prdcddetmnent traitó avec la Rćpublique ct avec 1'Empirc pour la soumission ct le dćturmement dc *e* soldats, n'avait jamaia voulu ćtre compris dana les capitulations conclucs avec cc qu'il continuuit d*oppeler les gouvernements rdvolu-tionnairea (Notę de Kio).
(2) Cettc habitudc dc rlcitcr YAngtlo* au ton de la dochc, toute ntlaire cessante, n dtonnera que les ćtrangers & la Bretagne: elle a M couram-ment ptatiqućc ju»qu h not jour* dans les osscmbldes et dans les foires; et 1'hlstorien de la Petite Chouanoeue notę expre*s<mcnt le fait en cc qui concernc les Bretons qui se battirent i Sainte-Anne (p. 183;.