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Les sources utilisees pour 1'histoire des guerres civiles contemporaines
au Zaire
tous les acteurs, de part et d’autre, ont intćret k se taire... du moins actuelle-ment. On en est rćduit aux tćmoignages d’observateurs peu avertis et aux coupures de presse.
Optiąue des recherches sur les guerres cmles au Zaire
II ne s’agit pas, ici, de dćgager la methodologie de ces recherches, mais d’indi-quer, en quelques traits, l’optique dans laquelle elles furent entreprises.
Tout en constituant une histoire i chaud, elles ne se confondent pas avec le recit ćvenementiel du journaliste; au-deli de la description des ćvenements et des comportements, elles visent k aller aussi loin que possible k la radne des phenomenes et k dćgager les contradictions et les structures sous-jacentes. Elles comportent donc une perspective historique plus ou moins profonde selon 1’objet et 1’analyse des conditions objectives determinant la situation.
Une large place est faite a la reproduction littćrale de documents et de temoignages, afin d’associer les lecteurs k la comprehension directe des faits et des textes, de fournir aux autres historiens les matóriaux qui leur permet-tront de poursuivre 1’elaboration de 1’histoire. Les chercheurs ont donc cons-cience qu’ils redigent une histoire provisoire et incomptóte, dont ils ne sont pas les proprietaires, et qu’il est indispensable de laisser les acteurs et les observa-teurs directs de l’evenement historique s’exprimer eux-memes.
L’histoire conęue comme une histoire du present et au prćsent est engagće, dans le double sens qu’elle engage le chercheur, quoi qu’il fasse ou pense, et que celui-ci doit s’engager consciemment. Ćcrire 1’histoire est un acte politique, qu’il faut reconnaitre et organiser comme tel aussi bien sur le plan pratique que sur celui de la methode et de la theorie.
L’histoire contemporaine est inevitablement une histoire touffue, complexe, non decantće. II faut brasser un trós grand nombre d’elćments de naturę fort diverse et les etudier sous des angles multiples. Ce travail doit etre conęu de maniere interdisciplinaire et organisć collectivement au sein d’un centre de recherche ou sont rassemblćes toute la documentation et les infor-mations, et ou les diffćrentes disciplines et points de vue se confrontent.
Enfin, le rćcit historique doit etre lisible par les acteurs de 1’histoire qui en seront les meilleurs juges et les destinataires les plus interessćs. Cela implique que 1’ćcriture ne soit pas savante, et que la publication soit rapide et largement diffusće dans le milieu meme concernć par le recit.
Ce point a ćtć abordć dans d’autres contributions, notamment celles du pro-fesseur Mazrui et du professeur Ajayi. Je me contenterai de rappeler les bases