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presents. Cette fois cependant, on attribue au monument des significations historiąues qui expriment des valeurs qui viennent justifier sa conservation et sa reutilisation. On associe le batiment a l’epoque du regime seigneurial, mais aussi a lanaissance de la villede Riviere-du-Loup, autrefois Fraserville, et a une iliustre familie, les Fraser. Cette valeur historique est associee aux ąualiies architecturales pour souligner que le manoir est un element symbolique du paysage bati de la ville et donc qu’il possede un potentiel d’ćvocarion pour la communaute louperivoise. Globalement, la perception du manoir par la SHG cumule les differentes valeurs qui se sont ajoutees au cours des demiferes annees, soit celles liees a son anciennete et son architecture, mais elle associe maintenant le monument a l’histoire locale. Ce ne sont plus uniquement les faits de l'histoire officielle mais aussi la participation du batiment et de ses occupants a la «petite histoire» de Riviere-du-Loup qui donnent une valeur «historique» au manoir Fraser. La sensibilisation au patrimoine chez cet acteur est donc conditionnće d’abord et avant tout par un «devoir de mćmoire»45: preserver les traces du passć pour se souvenir. mais aussi pour repondre a un imperatif identitaire.
Une autre initiative de la SHG va permettre des deblocages determinants dans le dossier. En effet, agissant independamment du comite de la Chambre de commerce, Torganisme adresse une lettre £ la Fondation HCQ et a Colin J. Molson. Dans cette lettre, la SHG fait part de ses demarches aupres de la ville. Elle insiste aussi sur le succes de la pćtition qui serait l’expression d'une volonte collective claire. Rappelant 1’etat d’abandon des lieux et la nćcessite de proceder rapidement a des travaux, la SHG precise son intćret a «etre un collaborateur de premierordre pręt h s’impliquer dans sa restauration et sa misę en valeun>^. Les arguments de la SHG semblent convaincre Colin J. Molson k sortir de son mutisme dans ce dossier. En effet, celui-ci repond personnellement a la presidente de la SHG en juin 1988. La correspondance qui s’engage permet la designation de responsables du dossier de part et d’autre et, surtout, rend possible 1’organisation d’une rencontre entre les deux organismes au manoir Fraser pour entamer les demarches de renovation47. Cette rencontre avec Serge G. Morin, le representant de la Fondation HCQ, permet d’etablir une coilaboration ć troi te entre les deux organismes qui elaborent rapidement une strategie 45 Le sens de cette expression rejoint celui prżtó par: Pierre Nora «Conclusions des Emtetiens», dans Pierre Nora. dir.. Science et conscience du patrimoine. Actes des Enrretiens du Patrimoine. Paris, Fayard, 1997, p. 392.
44 SHGRDL a Fondation HCQ, 15 avril 1988. ASHGRDL, Fonds 2, dossier 2.
47 Fondation HCQ a SHGRDL, 16 juin et 19 juillet 1988; SHGRDL i Colin J. Molson, 25 juin, 14 juillet et 16aout 1988, ASHGRDL, fonds 2, dossier 1