sedant en lui ce princlpe de croissance inherent a tout organisme vivant, continuait a se developper et a „derouler”, pour ainsi dire, les verites contenues dans la foi des premiers siecles, eux s’isolaient dans une position irreelle, en ne se lassant pas de repeter les memes phrases. Et a mesure que la rupture avec Romę se stabilisait, la realite du schisme revelait davantage 1’impossibilite de leur recours a Bossuet314).
Le Concile du Vatican leur a fait faire volte-face. Ils s’affilierent aux Vieux-Catholiques allemands, en assumant eux-memes le nom de „Oud-Katholiek”. Ils se sauvaient ainsi de Timpasse dans lequel ils se trouvaient, mais menacent actuellement de s’echouer dans le modernisme.
Ee changement de route mit fin au parallelisme etroit entre 1’Eglise d’Utrecht et Port-Royal3l5). En nieme temps le nom de Bossuet sombrait dans le passe. Ses oeuvres devaient appartenir desormais au nombre des volumes qui ornent les cabinets de travail des pretres vieux-catholiques, mais qui disparaissent de plus en plus sous la poussiere316). S’il s’en trouvait encore quelques-uns pour les etudier, ce n’etait plus par neces-site de controverse, mais dans un but d’edification ou par simple curiosite litteraire 317). L/ere de son actualite est close.
LE JANSENISME DE BOSSUET.
Dans Phistoire de cette influence, que nous venons de tracer, quelques elements nous invitent a reprendre un moment la question toujours debattue du jansenisme de Bossuet. Deja en 1898 on a fait remarquer qu’il serait tres important pour Phistoire generale de la pensee religieuse au dix-septieme siecle „qu'on sache, au juste, quelle opinion a eue de la grandę ecole de Saint-Cyran, et quelle conduite a tenue avec elle Thomme qui represente de la faęon la plus complete le catholicisme franęais d'autre-
314) Cf. Th. Nauta, Antwoord op het Geschrift van den Heer J. Cr(a?ner), 1784, p. 23 sq. L’auteur s’y efforce de prouver que, dans sa dispute avec Claude, Bossuet avait demontre qu’on ne peut jamais affirmer par serment des faits reposant sur une autorite faillible, sans qu’on soit imposteur ou temeraire. La lecture de la lettre aux Religieuses de Port-Royal aurait pu lui epargner cc raisonnement laborieux. Elle le dement d’un bout a Tautre. Sa grandę veneration pour M. de Meaux, qui lui fait appeler son adversaire „un avorton indigne de delier les cordons des souliers de Bossuet’' (p. 237), n’a pas su lui faire decouvrir les ressorts les plus intimes et les plus vigoureux de l’oeuvre de celui-ci.
315) Ce parallelisme cesse definitivement a la mort de C. Karsten en 1884. Ce professeur de theologie etait un grand connaisseur de 1’histoire de Port-Royal, et etait en correspondance soutenue avec les amis posterieurs des solitaires. (Cf. Nieuw Nederlandsch Biographisch Woordenboek, t II, p. 649).
316) De Oud-Katholiek, 32e annee (1916), p. 3.
317) II faut faire une exception pour P. Buys (1787-1853), president du seminaire d’Amersfoort, qui s’est montre un lecteur assidu de l’oeuvre de Bossuet. Cf. entre autres Noodige Bijlagen tot het werk van den Eerw. Heer J. Bramer over het Jansenisme, 1824, p .16 sq., 94 sq., 175 sq.
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