— C’est ćtonnant 1’injustice de tous ces gens vis-a-vis de Falla, constata, pensif, Jean-Xavier Curtine.
— Injustice ou pas, je leur claque la porte au
nez!...
Donc, cet individu, k quelques metres, aurait voulu que je ne fusse jamais ne? Je le regardai avec une extreme curiosite. La photo de lui que j’avais dćcoupee dans un journal de la Liberation n’etait pas nette a cause de la mauvaise qualite du papier, mais je notai que son visage avait gonflć depuis vingt-cinq ans — surtout le bas des joues — et qu’il avait perdu ses cheveux. II portait des lunettes aux montures et aux branches dorees. II fumait la pipę, la gardait k la bouche, meme en parlant, et avait ainsi un air placide qui me surprit. Son crane chauve et sa corpulence respi-raient la bonhomie. II ćtait vetu d’un complet de velours noir et d’un chandail a col roulć couleur grenat. Un gros clergyman. L’autre, Jean-Xavier Curtine, n’ćtait pas autre chose qu*un jeune homme au visage rćgulier mais tres ćtroit et au teint pale. Ses cheveux noirs paraissaient fixes k l’aide d’une laque. Son costume de velours bleu canard, tres ajuste, sa chevaliere, ses petits gestes prćcis, ses mocassins> tout cela laissait supp>oser une meticulositć asiatique. D’ailleurs, il aurait pu etre eurasien.
— Alors, vous croyez qu’ils marcheront pour le Festival Manuel de Falla ?
Gerbauld mordillait sa pipę.
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