cigarette, soufflait aussitót, et son visage dispa-raissait derriere un ecran de fumee.
Avant de nous quitter, il nous disait :
— Je vous telephonerai demain. II y aura peut-etre du nouveau. Au revoir.
Alors Marignan et moi, pour nous redonner espoir et courage, nous buvions un dernier verre dans la salle desertee de La Calavados. Quelle serait la reaction de Roger Fu-seng quand il apprendrait que son vieil ami Henri, du Journal de Shanghai, voulait le revoir ? II ne pouvait pas avoir oublie. Cłetait impossible.
Une liaison allait bientót s’etablir entre la France et la Chine, a travers les kiiometres et les annees. Mais Wo-heu avait sans doute raison et il ne fallait rien precipiter. On risquait de briser ce fil de la vierge.
Avenue de New York, devant la porte de Pimmeuble, Marignan me serrait la main :
— Pas un mot de cette histoire de Chine a Genevieve, hein, mon vieux ? Je compte sur vous. A demain. Ne vous en faites pas. Le but est proche.
Je rentrais dans ma petite chambre du square de Graisivaudan. Je m’accoudais a la fenetre. Pourquoi Marignan voulait-il partir en Chine ? Dans Pespoir d’y retrouver sa jeunesse, me disais-je. Et moi? C’etait Pautre bout du monde. Je me persuadais que la se trouvaient mes racines, mon foyer, mon terroir, toutes ces choses qui me manquaient.
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