Violence et tendresseÚns la poésie amoureuse


Beata Rosińska

Violence et tendresse dans la poésie amoureuse d'Agrippa d'Aubigné

Le Plan

  1. L'introduction :

  1. La scène historique :

  1. Le sonnet XXIII :

  1. Les Stances I :

  1. La conclusion : la violence et la tendresse, la différence de la poèsie pétrarquiste.

Violence es tendresse dans la poésie amoureuse d'Agrippa d'Aubigné

Chaque expérience de la vie humaine laisse la marque sur l'esprit. Agrippa d'Aubigné n'est pas une exception. Il n'est pas surprenant que les événements tragiques de sa vie se répercutent fortement dans ses ouvrages. Les échos du massacre à Amboise et des atrocités des guerres de religion s'épandent sur toutes ses œuvres, surtout, certes, dans Les Tragiques, le témoignage émouvant des horreurs qu'il vécut. Cependant, ce n'est pas un seul texte de ce poète passionné où l'on trouve les traces de ses expériences personnelles.

Le Printemps, ouvrage d'Agrippa moins connu que Les Tragiques, se compose de trois parties : Hécatombe à Diane, qui est un recueil des sonnets, Stances et Odes. Les poèmes furent inspirés par l'amour pour Diane Salviati, la nièce de Cassandre, chantée par Ronsard. Ils furent composés pendant le séjour d'Agrippa sur les terres des Landes-Guinemar et au château de Talcy entre automne 1570 et printemps 1573. C'est là où d'Aubigné rencontra Diane et tomba amoureux. Les amants passionnés passèrent leurs jours heureux à l'atmosphère idyllique, faisant les projets des fiançailles ou du mariage. Cette période de tendresse fut interrompue par l'aventure tout à fait chevaleresque ; le poète fut blessé pendant un "duel inégal à l'issue duquel Agrippa fut laissé pour mort sur le carreau, d'où il se relèverait, à force de vaillance, pour venir s'abattre, 'sans sentiment, sans veuë et sans pous', auprès de sa cruelle, après une course de vingt-deux lieues". Il fut soigné par son amante, mais presque immédiatement après cet épisode la liaison entre les deux jeunes fut finie. Ayant goûté la tendresse d'amour réciproque aussi bien que la violence de deuil d'un amant rebuté, Agrippa écrivit l'œuvre très émouvante.

On voit bien l'affection d'Agrippa pour Diane dans l'Hécatombe. Le sonnet XXIII est un exemple très représentatif. Il commence par un motif tout à fait touchant - l'image du portrait de l'amante gravé "dedans le sein" (v. 1) - ce qui fait partie de la tradition pétrarquiste en forme de l'artefact matériel, souvent un médallion. Agrippa joue avec cette ambiguïté avant de la dissiper. Le sujet lyrique, que l'on peut positivement identifier comme l'auteur, dit que ce portrait peint dans son cœur lui apporte la sérénité et le défend des soucis. Dans la strophe suivante il s'adresse à la femme la priant pour qu'elle lui donne ce portrait et pour qu'il puisse "effacer vostre teint d'un désir endurci". Dans le premier tercet Agrippa évoque le mythe de Laodamie qui était l'épouse de Protésilas qui mourut pendant la guerre de Troie. Inconsolable, Laodamie fit construire une statue à son image auprès de laquelle elle passa les journées. Les

dieux prirent pitié d'elle et lui accordèrent une faveur de s'entretenir trois heures avec lui, par l'entremise de la statue animée. Quand ce temps fut passé, elle se poignarda, afin de ne pas se séparer de son mari. Agrippa renverse les rôles ; c'est lui qui au lieu de Laodamie meurs embrassant le corps de son amante - ce qui fait penser à sq blessure grave du duel. Dans le deuxième tercet auteur répète le souhait de mourir auprès de sa dame - mourir de joie et de langueur. Il se termine en faisant la suite de l'image de portrait - l'amant avoue qu'il grava bien la face de sa dame dans son cœur, mais cela ne lui fait rien de bon, car c'est elle, son amante - Diane - qui possède son cœur.

Agrippa peint un tableau très tendre, très touchant. Il emploie les expression empruntées à la poésie pétrarquiste galante. Il s'adresse à son amante avec douceur et certaine nostalgie et même s'il insère les tournures comme "ennuyeuse flamme" (v. 4) ou "l'anguillon qui m'entame" (v. 6), il le fait avec certain raffinement et galanterie.

Pourtant, ce n'est pas le cas des Stances. La première pièce est une des plus longues dans tout recueil. C'est un manifestation de la fureur d'un amant rebuté, une preuve d'un vrai tourment. "Tous ceulx qui ont gousté combien de mortz on treuve / Couvertes soubz les fleurs d'une longue amitié" (v. 1-2), écrit le poète, s'adressant aux tous ceux qui éprouvent les mêmes souffrances de l'amour. Déjà dans cette première ligne on trouve un motif de la mort qui se répétera dans toutes les pièces. L'image périlleuse s'étend encore : l'amour est un "poison ensucré" (v. 6) et des "pertes de mon temps" (v. 8) qui provoquent "mes regretz" (v. 7), "mes larmes vercées" (v. 7) et "mes sanglotz perdus" (v. 8). L'auter déffend ses vers aux "sauvages espritz" (v. 10), c'est-à-dire à ceux qui n'ont jamais gouté l'aigreur de l'amour. On observe la tendence intéressante à nommer les vers "mes rages et mes cris" (v. 12). Dans toute la pièce on trouve les expressions récurrentes liées à tous les maux : les "amoureuses rages" (v. 39), "le fiel" (v. 25), "le piege" (v. 70), "hideuse" (v. 71), "mon trespas" (v. 181), "ire" (v. 184) etc.

Agrippa d'Aubigné utilise certains motifs qui font penser à l'enfer, à la souffrance et à la douleur. D'abord, on y trouve la question du sang. Tout le poème semble noyée dans le sang. On a "les effetz sanglans d'une avare beauté" (v. 14), les "medecins de ma sanglante peine" (v. 43), "neuf gouttes de pur sang" (v. 173) - un peinture très perçante quand l'on imagine les perles rouges sur la serviette blanche - et "la sanguynere force" (v. 193). La présence de ces images non seulement souligne la vision de l'amour infernal, passionné, malheureux, triste, destructif - mais aussi elle fait songer à l'expérience personnelle de l'auteur.

On songe au Shakespeare de Macbeth. On songe surtout à cette tragique 'courvée de vingt-deux lieuës' (...). On songe au massacre d'Amboise, à ces huguenots percés de coups, suspendu à la potence, et dont la vue devait déterminer, chez l'enfant de huit ans, le sens et l'impétuosité de sa vocation.

Agrippa emploie certaines visions infernales qui vraiment parlent au cœur. Peut-être la description la plus frappante est celle d'un endroit du repos : "Le lieu de mon repos est une chambre peinte / De mil os blanchissant et de testes de mortz" (v. 49-50). Mais il y a encore plus de scènes qui touchent l'âme du lecteur, par exemple : "Quel plaisir c'est de voir les vieilles haridelles / De qui les os mourans percent les vieilles peaux" (v. 97-98) et "Ma presence fera desecher les fontaines / Et les oiseaux passans tomber mortz à mes pieds" (v. 137-138). Ce qui est très original et intéressant c'est la vision de l'automne - au lieu de "la conception de l'automne doré et prodigue de fruits" on a le passage qui dit :

J'ayme à voir de beautez la branche descharchée

A fouller le feuillage estendu par l'effort

D'autonne, sans espoir leur couleur orangée

Me donne pour plaisir l'ymage de la mort

(v. 105-108). Le poète évoque aussi le motif de la fuite, bien composé avec le topos de nature et les éléments mythologiques. L'amant fuit tous les plaisir, il cherche "les desertz, les roches egairées / Les forestz sans chemin, les chesnes perissans" (v. 93-94). Il ne veut pas être entouré par la beauté de la nature, plutôt par sa laideur : "Mais je hay les forestz de leur feuilles parées / Les sejours frequentez, les chemins blanchissans" (v. 95-96). En plus, dans cette fuite il cherche le remède pour sa souffrance et il s'adresse aux personnages myhologiques pour qu'ils l'aident : "Pans forestiers et vous faunes sauvages / Ne guerissez-vous point la plaie qui me nuit" (v. 37-38) dit-it et ajoute : "Au secours de ma vie ou à ma mort prochaine / Accourez, déités qui habités ces lieux / Ou soiez medecins de ma sanglante peine" (v. 41-43).

Ce qui est frappant et non commun dans la poésie contemporaine d'Agrippa, c'est que ce poète véhément emprunte beaucoup de motifs, d'expressions et d'éléments à la poésie pétrarquiste, mais en même temps ses textes sont complètement différents ; ses poèmes

idylliques sans les plus proches aux pétrarquistes, toutefois les Stances, avec leur violence, leur cruauté et leur infernalité, se distinguent fortement. Les poèmes infernals d'Agrippa sont aussi beaucoup plus précis et concrets ; au lieu de l'abstraction ils offrent les visions très concretes et frappantes. En tous cas, les doux aveux du jeune Agrippa à sa Diane sont très touchants et la manifestation de son amour et de ses souffrances d'un amant rebuté percent le cœur du lecteur.

Bibliographie

  1. Fernand Desonay, Agrippa d'Aubigné, Le Printemps : Stances et Odes, Genève, Librairie Droz, Lille, Librairie Giard, 1952.

  2. Julien Goeury, Agrippa d' Aubigné, Hécatombe à Diane, Université de Saint-Etienne, 2007.

Fernand Desonay, Introduction [dans] Agrippa d'Aubigné, Le Printemps : Stances et Odes, Genève, Librairie Droz, Lille, Librairie Giard, 1952, p.VII.

Ibidem, p. XIII.

Ibidem, p. XI.



Wyszukiwarka

Podobne podstrony:
56, Lw˙w od chwili przybycia kr˙la zmieni˙ si˙ w istotn˙ stolic˙ Rzeczypospolitej
André Desbordes Discours de la théorie et de la pratique de l excellence des armes 1610
2013 10 10 ZwiÄ…zki partnerskie a la PO
19. LA- bieg po prostej, Lekkoatletyka(2)
8 La liitérature et les autres arts
Derrida La philosophie et ses classes
pan wołodyjowski, 41, Wie˙ci o przybyciu Basi piorunem rozlecia˙y si˙ po Chreptiowie, ale nikt pr˙cz
pan wołodyjowski, 14, Po wyj˙ciu z zamku Ketling potrzebuj˙c zebra˙ my˙li i otrz˙sn˙˙ si˙ ze zdumien
1300 Pieges Du Francais Parle Et Ecrit Dictionnaire De Difficultes De La Langue Francaise
Powieść jest to zwierciadło, ˙Powie˙˙ jest to zwierciad˙o, kt˙re obnosi si˙ po go˙ci˙cu"
pan wołodyjowski, 18, Odgadli po owym wykrzyku Zag˙oba z pani˙ Makowieck˙ tajemnic˙ serca ma˙ego ryc
Powieść jest to zwierciadło, ˙Powie˙˙ jest to zwierciad˙o, kt˙re obnosi si˙ po go˙ci˙cu"
pan wołodyjowski, 18, Odgadli po owym wykrzyku Zag˙oba z pani˙ Makowieck˙ tajemnic˙ serca ma˙ego ryc
Ghalichechian et al Nano day po Nieznany
14(4), Jako˙ o samym po˙udniu dzie˙ si˙ nieco rozja˙ni˙, ale ino tyla, coby kto ˙uczywem przeci˙gn˙˙
Sprawozdanie po drugim roku realizacji planu rozwoju zawodowego, PRZEDSZKOLE, awans zawodowy na stop
Anglais 1000 mots et expressions de la presse
34(2), Jeszczech by˙y po ˙wi˙tkach umajenia cha˙up do cna nie przewi˙d˙y, kiej kt˙rego˙ dnia rankiem
pan wołodyjowski, 17, Po widzeniu si˙ z Zag˙ob˙ Ketling by˙ jeszcze u pani Makowieckiej, kt˙rej o˙wi

więcej podobnych podstron