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LA V I E D'AVEI\ITURIER

LA JOUISSA/MCE DU DEFL Un psychologue canadien, Frank Farley, qui depuis 19 ans s’attache a cerner la personnalite de l’aventurier, souligne qu’il a le profil T comme thrill, c’est-a-dire excitation. Cette stimulation pousse rhomme a inventer ou detruire. L’aventurier, 1’artiste et le criminel sont donc de la meme trempe.

Cette excitation peut repondre a un mobile personnel. Patrick Segal, handicape physique et neanmoins globe-trotter, « Phomme qui marchait dans sa tete », a superbement domine son invalidite. Plus prosai‘quement, le cascadeur Alain Prieur qui a notamment saute en voiture les gorges du Verdon avoue que ses exploits etaient stimules par ses... difficultes financieres.

Cette jouissance peut etre esthetique, pour la beaute du geste. Edlinger le montre dans ses films et Kersauson Pecrit dans ses livres : « Ce fut la fin des artifices, Pacces a Pessentiel, la beaute de la chose faite, 1’impeccable. » Pour Jean-Louis Etienne, etre seul au póle Nord, c’est « gros ».

Parfois, les motivations deviennent mystiques. Don Habrey jeune jusqu’a 27 jours d’affilee avant de realiser ses exploits « pour sauver POccident ». II reunit une trentaine de fideles, pour s’impregner d’« energie tellurique ». Que penser enfin de l’intervention de Jean Raspail qui, en pleine guerre des Malouines, a annexe Pile maitresse des Minquiers au nom du royaume fictif de Patagonie qu’il s’attache a faire revivre dans ses livres... Rimbaud aurait aime.

LA LOGiaUE DU TOUJOURS PLUS. Peu importe la souffrance. Gerard Vacher, le marathonien du Sahara, courait 40 kilometres par jour par 58 degres a 1’ombre (quelle ombre ?). II a tout connu, les ampoules qui gonflaient sous (Pautres ampoules, la peau a vif, les tendons en alerte rouge... en enfermant des cubes de glace dans ses chaussettes pour se soulager... un peu. II faut egalement lutter contrę la solitude, par exemple, avec la methode Tabarly : prendre les choses les unes apres les autres, etre meticuleux, avoir un rituel maniaque des gestes.

Le surpassement est sans limites, et parfois le reve se confond avec le dramę. Clay Regazzoni, paralyse des deux jambes a la suitę d’un accident de Formule 1, s’est neanmoins lance dans le Paris-Dakar. Alain Colas s’est engage en 1978 dans la Course du rhum sous antibiotiques, menace par la gangrenę. II n’en est pas revenu. Arnaud de Rosnay, Philippe de Dieuleveut et Thierry Sabinę ont egalement paye de leur vie et sont entres dans la legende.

- Les multirisques : l'aventure est sens limites -

Bruno Gouvy. 26 ans    recordman du monde de vitesse sur

monoski (177 km/h). grimpeur dans le gres de la vallee d Apt, veut relier les detroits mediterraneens en pianehe.

Jacques Sotty. 24 ans    premiere traversee de la Manche en

planche (120 kilometres), un des deux plus rapides du monde en speed-sail, champion d‘Eu ropę de boomerang.

Jean-Louis Etienne, 40 ans navigue avec Colas et Tabarly, court le

premier Paris-Dakar, participe ś des expeditions dans 1'Himalaya, le póle Nord en traineau. candidat spationaute.

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