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commodes» d’origine europeenne induisent certains autochtones a croire en ia
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transcendance de la religion occidentale. A titre d'exemple, le «bon Neophyte» huron Joseph Chihouatenhoua tente de persuader ses compatriotes de ia valeur de la foi chredenne en arguant que si personne ne jette les haches et les chaudrons, objets nouveaux pour les autochtones, c’est parce qu’« [...] eiles estoient incomparablement meilleures et plus commodes » que leurs outils traditionneis, puis etablit un parallele entre cette supremade technoIogique et la superiorite culturelle : « s’ils [les missionnaires] nous pressent de croire ce qułiis croyoient, et de vivre conformement a ceste creance, nous leur en avons beaucoup d’obligadon; car en effet si ce qu’ils disent est vray, comrae il est, nous sommes les plus miserables gens du monde, si nous ne faisons ce qu'ils nous disent »98.
Pour appuyer leurs propos, les jesuites s'appuient d'abord sur les images religieuses. En effet, ces objets transmettent en eux-memes des messages chretiens. Par ailleurs, leur caractere concret, immediat et realistę cree chez les observateurs une forte impression et faciłite la penetration de la doctrine chredenne. En outre, ils consdtuent un souden non negligeable pour les missionnaires qui ne maitrisent encore pas parfaitement la langue de leurs ouailles. Ainsi, Le Jeune considere que l^isage des tableaux constitue deja la « moide de Tinstmcdon qu'on peut donner aux Sauvages»" ; le pere Lamberville, qui expose dans sa chapelle des images importees de France, soudent que c’est «la meilleure faęon de les catechizer icy que de leur faire voir des yeux, ce qu’on leur annonce de la voix », et que «les choses leur demeurent plus Imprimees dans Timaginadon »100.
La percepdon de ces images en Chine et en Amerique du Nord differe considerablement. En Chine, les images apportees par les jesuites sont generalement considerees par 1'elite intellectuelle et 1'empereur comme de «belles peintures». En revanche, celles que les missionnaires montrent aux Amerindiens sont souvent peręues comme horribles. En effet, les jesuites croient necessaire de susciter la crainte pour converdr
98 Relations des jesuites, 1972, vol. 2, 1639, p. 64 (Relation de LE JEUNE).
99 Ibid, vol. 2, 1637. p. 12 {Relation de LE JEUNE).
100THWAITES, The Jesuit Relations [...], 1959, voL 62, 16S2, p. 94 (Lettre du p*re Jean de LAMBERYILE); GAGNON, La conversion par 1'image [...], 1975, p. 81.