178
sTiabiUe a la Chine a29. Ainsi, Iorsqu’iis debarąuent a Ningbo, port situe a Test du pays, ils se conforment aux usages vestimentaires qui prevalent durant la dynastie Qing : « Enfin nous entrames Ie 23 juillet [1687] dans la riviere de Liampo, et le meme jour nous mouillames devant la ville, apres avoir coupe nos cheveux quelques jours auparavant a la faęon des Tartares, et quitte nos habits de la Compagnie pour nous mettre en Chinois a30.
Comme les gens de lettres sont tres respectes dans la societe, les jesuites adoptent leurs vetements de soie, comme rindique le pere de Fontaney: « U etat des gens de lettres est donc celui que les missionnaires doivent prendre quand ils viennent a la Chine »31. Cest en se conformant a leur usage que les jesuites pourront parvenir a gagner le respect des Chinois et a etre consideres « veritablement comme des gens de lettres et des docteurs dT-urope »32. Dans sa lettre a son correspondant Tabbe Raphaelis, le pere Jean-Baptiste Jacques decrit ainsi V image pittoresque du missionnaire vetu a la maniere de la haute societe33:
Si vous voyiez a present celui qui a rhonneur de vous I'envoyer, je doute que vous puissiez aisement le reconnaitre [...]. Une longue robę de toile blanche, une autre par-dessus, aussi longue, d'une etoffe de soie ordinairement bleue, avec une ceinture; sur le tout, un petit habit noir ou violet qui descend aux genoux, fort ample, et a manches larges et courtes, un petit bonnet fait en formę de cóne raccourci, charge tout autour de soies pendantes ou de crin rouge, des bottes d'etoffe aux pieds, un eventail a la main [...J34.
Cette image est tres loin de celle de leurs confreres en Amerique du Nord, qui portent les habits de Tordre et qui sont connus sous le nom de « Robes noires ». Dans le
29 Lettre du pćre GERBILLON du 1*juillet 1686, dans BERNARD, op. ci/., 1942, p. 260.
30 Lettre du pere de FONTANEY du 12 aout 1687, dans BERNARD, op. cif., 1942, p. 278.
31 Lettre de FONTANEY du 15 janvier 1704, dans Choix des lettres idifiantes [...], 1835, vol. 2, p. 319.
32 Ibid
33 Ce ne sont pas tous les jesuites franęais qui adoptent les habits de soie. Les missionnaires prechant dans les campagnes parmi les gens du peuple s’habillent comme ces demiers. L'habillement du pćre Romain HINDERER peut etre considere comme un exemple representatif: il ne porte que des habits de toile, vieux et uses. Selon le pćre PFISTER, il est grand « contempteur du monde et grand amateur de la
pauvretć ». PFISTER tVodces biographiąues [...], 1932-1934, n° 277, p. 614.
34
Lettre du pćre Jean-Baptiste JACQUES du 1® novembre 1722, dans YISSEERE, Lettres edifiantes et
curieuses [...]. 1979. p. 227-228.