In Memoriam
Ma premiere rencontre avec Claude Pichois remonte a un jour de Fautomne 1994. Ce semestre-la, j’entamais mes etudes dans le programme de doctorat du Departement de Franęais et d’Italien de l’Universite Vanderbilt (Nashville, TN). Sa presence a la tete du Centre W.T. Bandy d’Etudes Baudelairiennes etait la raison pour laquelle la passionnee de Baudelaire que j’etais avait demande a integrer ce programme. A l’epoque, de Claude Pichois, je ne connaissais que le nom et, bien sur, une partie de son travail. Une infime partie, devrais-je ajouter, car j’allais bien-tót, en devenant son assistante au Centre, me rendre compte de 1’immensite du travail accompli par Claude Pichois.
Ceci dit, sans en avoir encore pleinement conscience, je l’avais deja rencontre, et ce a deux reprises. Une premiere fois, dans une salle de classe d’un lycee brestois o u Les Fleurs du Mai se trou-vait au programme. La poesie de Baudelaire avait eu un tel effet sur moi que pour la premiere fois, je lisais 1’introduction presen-tant le texte et redigee par nul autre que Claude Pichois. La deux-ieme fois, c’etait peu apres, un jour d’ete, chez un bouquiniste des quais de 1’Odet ou pour soixante francs, j’achetais la biographie de Baudelaire par Claude Pichois et Jean Ziegler.
Ces textes alliaient darte et simplicite a la recherche et au souci du detail. Et puis, leur aspect engageant donnait envie au lecteur, ou en 1’occurrence, a la lectrice de poursuivre et d’approfondir sa connaissance du sujet. On peut ajouter qu’ils resumaient aussi toute 1’erudition et 1’integrite de leur auteur.
Claude Pichois etait dans la vie comme dans ses livres. En cours, il se montrait attentif a la sensibilite de tous les etudiants qui, a leur tour, lui donnaient le meilleur d’eux-memes. II savait insister quand il le fallait - attendre aussi.
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