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condition de 1'Algerie nouvelle. Ce tissu de contradictions et les dysfonction-nements consequents constituent la tramę du discours algerianiste, plus exactement, sa determination structurelle. II livre la definition recherchee de 1'Algerianisme en tant que littćrature coloniale.49
Alain Calmes dans son ouvrage sur le roman colonial en Algerie avant 1914, souligne 1'importance de ce moment dans 1'histoire du roman colonial dans lequel on commence a distinguer ce qui est ecrit sur 1'Algerie de ce qui est ecrit par 1'Algerie. Le meme auteur appelle la periode de 1895 a 1914 l'age d'or du roman colonial surtout riche en ouvrages de Louis Bertrand, Robert Randau, Isabelle Eberhardt dont les oeuvres sont de veritables peintures sociales de la colonie, mais ils ne sont pas les seuls a decrire cet univers; parmi les nombreux noms d'ecrivains coloniaux nous trouvons les auteurs les plus connus a l'ćpoque: Paul et Victor Margueritte, Ferdinand Duchene, Marius-Ary Leblond, Raymond Marival, Jeróme et Jean Tharaud. En 1896, Andre Gide part pour la premierę fois en Algerie, accompagne de Francis Jammes, il y reviendra plu-sieurs fois et de ses nombreux periples africains naitra son cycle litteraire: Les Nourritures terrestres (1897), L'Immoraliste (1902), Amyntas (1905), Si le grain ne meurt (1921) et le Journal.
L'histoire de la publication de La Rosę de sable de Montherlant montre a quel point les romans coloniaux «sont lies organiquement par les chalnes de Tideologie.))50 Redige en 1932 durant le sejour de l’ecrivain a Alger, donc a l'epoque de la celebration du Centenaire de la conquete de 1'Algerie, a 1'apogee de 1'empire colonial franęais, ce roman prophetique proposant un heros qui decouvrait 1'anticolonialisme, ne pouvait pas etre publie a cette epoque, selon les explications de Montherlant pour des rai-sons patriotiques; il aurait trop nui a l'image de la France triomphant dans ses colonies. Son edition defmitive, mais tardive sera etablie en 1967, ce qui a entrainć bien des propos accusant Montherlant de lachete et de demission.
Etudiant la problematique de 1'image de l'Autre dans le domaine litteraire qu'est la littćrature coloniale, nous sommes obligee d'etablir des critóres d'apres lesquels nous pourrons qualifier des ouvrages de «colo-niaux». Apparemment il semble facile d'appeler «coloniaux» les textes de Randau ou de Bertrand vu que ces ecrivains sont lićs au mouvement algerianiste et meme nommes ses peres spirituels. Cependant ces deux ecri-
49 P. Siblot, «L'Algćrianisme: fonctions et dysfonctions d'une littćrature coloniale» in Ilineraires et contacts de cultures. Le Roman colonial (suitę). vol. 12, L'Harmattan, 1990, p. 92.
50 A. Calmes, Le roman colonial en Algerie avant 1914, L'Harmaltan, 1984, p. 63.