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comportement abondant en fourberies ou petites trahisons a chaque fois que cela devient possible. Malgre tout 1’amour du Franęais pour 1’indi-gene qui le conduit k s’interesser aux Marocains et a changer son arabo-phobie en arabophilie, la rćalite coloniale conduit sa charite et son amour a l’ćchec. L'ćpigraphe du chapitre XXIV du commandant Paul Odinot semble bien choisi : «Les Musulmans ne demandent pas que nous les aimions. Ils demandent que nous les laissions tranquilles.»²⁰⁹

Andrś Gide

Nous allons nous occuper des textes d’Andrć Gide qui sont le fruit de ses trois sejours en Afrique du Nord (1899, 1900, 1903-1904), recueillis dans Amyntas paru au Mercure de France en 1906. Dans ce livre, Gide reunit quatre relations de son joumal de voyage intitulees : Mopsus (ecrit en avril 1899 durant son sejour en Algerie avec sa femme Madeleine), Feuilles de Route (rćdigć en mars-avril 1896, ici il coupe 1’ordre chrono-logique de ses voyages), De Biskra a Touggourt (decembre 1900) et Le Renoncement au voyage (1903-1904).

Quete de 1’Autre, charge de toute une portee symbolique, heritee des reveries millenaires de 1’Occident autant que des songes de 1’enfance, ainsi metamorphosć en une entreprise quasi initiatique, le voyage est pour Gide recherche d’“autre chose”, [...] Gide se veut voyageurdesinteressć, reportant sur le nomadisme le dedain des contingences materielles qu’affichait le symbolisme; le voyage est donc un art, et rien d’utile ne doit s’y meler.²¹⁰

Le voyage exotique chez Andrć Gide est empreint d’esthetisme et d’une importante dose de narcissisme ce que releve Pierre Masson :

On gomme [..:] les problemes coloniaux, et plus generalement les realites quotidiennes, [...] afin de pouvoir encore, sur les pays visites, continuer de projeter son image, de mirer sa belle ame, a la maniere de Narcisse indif-ferent au flot qui s’ecoule. Et si l’on defend 1’authenticite des moeurs, des costumes ou des paysages, c’est souvent comme d’un decor qui doit favo-riser l’evolution des acteurs.^{1 2}'¹

La nouveaute des ecrits exotiques de Gide par rapport aux ouvrages traditionnels rćside, ce que souligne Masson, dans la misę en valeur de la relation entre le dćcor et le spectateur; tous les deux ont la meme impor-

1

²⁰⁹ Ibid., p. 464.

^2,9 P. Masson, Andre Gide voyage et ecrilure, Presses Universitaires de Lyon, 1983, pp. 8, 14.

2

" Ibid., p. 18.