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9 UN DEBAT : LZS MENTALITES COLLECTOVES 625

Sparte la definition du corps civique n’a jamais eu la nettetó des clirages sociaux atheniens4ł(. C’est parce que Ie rapport spartiates-hilotes n’est pas coinparable au rapport entre les citoyens et ces non-citoyens i ou-trance que sont les esclaves (dans ce meme registre que les faits examines ci-dessus, on peut rappeler qu.e 1’helotisme appartient au doinaine public, tandis qne les esclaves sont, par excellence, une chose privće) — que l’en-semble des structures soeio politiques s’en trouve orientó de manierę diyergente.

I)’autre part — ou, si l’on veut, a un niveau encęre plus profond — les reprćsentations lićes a la mort gravitent dans les deux cas autonr de 1’opposition complćmentaiie du domaine prive et de celui public, nieme si, a partir de cette definition primaire, leurs structures s’organisent autre-ment. Or, cette polarite de l’imaginaire se retrouve, partout dans le monde grec, non seulement dans les attitudes mentales, mais aussi dans les faits memes de 1’histoire: on peut dire, pour n’en donner qu’un e\emple, que l’existence meme de la cite est attestśe arcliśologiqnement par la definition coinplementaire de l’espace public et de 1’espace privć49. Le mental retrouve ainsi l’essentiel d’une structnre sociale dćterminee par le rapport entre les fondements et les garanties publiqnes du droit, constitutif pour la cite, de proprietć sur la teire et l’exercice essentiellement privó de ce meme droit. Citoyens en tant que proprietaires, &titre individuel, de leur oikoi, mais aussi proprietaires en tant que citoyens, les Grecs ne saiuaient penser leur univers en dehors de ces tennes complementaires, et de ces tensions essentielles, entre le domaine commun, public par excellence, et leur indi-vidualitć socio-ćconomique — et, partant, Rpirituelle.

Au demeurant, si la polaritć masculin j fśminin semble constitutive dćj& dans l’art palćolithique; si, par aillenrs, la complementarite entre 1’espace du dehors, celui des actions collectives et publiques, reservees auv honnnes, et la vocation domestique de 1’espace fćminin, doit remonter bien au-deli de l’Age des citćs, la correspondance systćrnatique des deux series, masculin-public et fóminin-prhó reprćsente un gauchissement par l’histoii’e de ces polarites traditionnelles du mental. Car, dans les mcnla-lites greeques, l’opposition des deux termes est nettement accusee, tandis qne leur compk'mentaritó est plutót occultśe en faveur d’une yalorisa-tion privilegiće du póle politique, masculin et public, de ces categories mentales et de leurs rapports. Ne pouirait-on dire, en fin de compte, que c’est par l’ścart entre les mentalites et les idćologies qu’on saisit le mieux. I’im-pact de l’histoire sociale sur l’ćvolution des attitudes mentales?

48 Un modćle contrastif chcz P. Vidal-Naqnet, op. cli., supra, n. 10 et 36; on doit leur a]outcr Application ci limttes du structuralisme en histoire. Un cas, un ezemple: la Sparte archalęue et classięue, in Structuralisme et Marzisme, Parts, 1970, 176—183, ainsi qu’id., Les jeunes. Le cru, l’enfant grec et le cuit, in J. Le Goff-P. (v. p. I) Nora, Faire de 1’histoire III, cit., 137-168.

** V. en demier licu G. Yallet, Espace priui et espace public dans une citi coloniale d’Occident (Megara Htjblaea) in M. I. Finley, id., Problemes dc la Terre en Grice ancienne, Paris La Haye, 1973, 83—95 — ainsi que 1'ensemblc des rapports publićs dans le volume Attl dcl VIlm0 Conoegno dl Sludl sulla Magna Graecla, Taranto 1967, Naples 1968.



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