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d’Israel, la soif d’une identite culturelle differente de l’Occident». Et a 1’auteur de conclure: «les islamistes n’enterrent 1’arabisme que pour en etre pleinement les heritiers» (p. 209).

En Inde, le destin du Congres National Indien semble confondu avec celui de 1’Ćtat lui-meme. L’etude de Cristophe Jaffrelot (La deriyeethniąyed\{ natjonalisme indien) «s’interesse au nationalisme indien, universaliste, tel qu’il a ete conęu, applique, puis detoume par le Congres» (p. 213). Ce type de nationalisme, progressiste parce que base sur une idee de nation multiculturelle, un Ćtat lai'que et une societe individualiste, a permis, pendant des decennies, la cohabitation pacifique des deux communautes, hindoue et musulmane. Mais, dans les annes quatre-vingt, les dirigeants du Congres - et surtout Indira Gandhi - cherchent a communaliser le jeu politique, en accordant des concessions aux divers groupes religieux pour mieux contróler certaines regions. Ainsi, ils ont «largement contribue a legitimer des considerations ethniques sur la scene politique», des considerations qui ont amene les nationalistes hindous a soutenir que «la communaute majoritaire incame la nation et les minorites sont requises de s’assimiler a la culture dominante» (p. 213). La derive est aujourd’hui patente et, il me semble, irreversible.

Apres 1’effondrement de P empire sovietique, cinq nouveaux £tats de 1’Asie centrale sont a la recherche de la nation et de la legimite. C’est l’intervention stalinienne, remarque des le debut 01ivier Roy, 1’auteur de Asie centrale: not^yeai{x Ętats, nations ambigifes, qui a transforme les populations vivant dans cette region en «nations», en les dotant d’un Etat, d’une langue, d’une histoire. La naturę artificielle de cette construction reste visible dans les allegeances qui se dirigent toujours plutót vers les communautes infra-etatiques et menie infra-etliniques que vers 1’Śtat lui-meme. La citoyennete (c’est-a-dire le rapport direct a l’Ćtat) hesite encore entre une definition poIitique (multi-ethnique) et une definition (mono-) ethnique. Mais, pour 01ivier Roy, 1’hesitation va bientót se dissiper. La pratique etatique montre qu’on se dirige vers une domination de la vie politique par la «nation» majoritaire qui detient deja le monopole de la langue officielle. Le nationalisme ethnique, qui semble s’instaurer progressivement, de haut en bas, se manifeste aussi dans les pretentions de ces Etats «nationaux» de devenir. respectivement, le centre, geographique et historique, d’un groupe ethnique.

Le long parcurs a travers le monde des nationalismes est cios par un entretien de Jacques Rupnik avec Ernest Gellner, Pierre Hassner et Alain Dieckhoff. Les explications generales sont reprises et approfondies. Mais c’est surtout une question qui va persister, douloureuse, longtemps apres la lecture de ce livre: «Y a-t-il quelque chose d’irreductible dans ce besoin d’appartenance, d’identite, de nationalisme?» (p. 281). Alain Dieckhoff en est coiwaincu. Et Pierre Hassner va menie beaucoup plus loin: «l’opposition entre nous et les autres est constitutive de l’experience humaine» et lance a son tour la question-cle de tout le debat: «peut-on avoir sa propre identite sans nier celle de l’autre?».