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L'łvolution des points de vue sur Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba
et Halli Selassió
gardera le souvenir, mais de son incomparable contribution au dćveloppement africain. Sa mort est une perte pour chacun d’entre nous. »
Comme le prćsident Nyerere, M. Kenneth Kaunda, prćsident de la Zambie, n’avait pas toujours ćtć d’accord avec Nkrumah au faite du pouvoir; mais, au cours d’un service funebre qui eut lieu k Lusaka, Kaunda annonęa qu’un monument k la mćmoire de Nkrumah allait etre ćlevć dans la capitale zambienne et qu’on allait rebaptiser une ćcole de Kabwe h son nom*. Le dćcri-vant comme l’un des plus grands fils de rAfrique, nć d’une humble familie pour devenir un inlassable combattant de la libertć non du Ghana seul, mais de l’Afrique tout entićre, Kaunda ajoutait:« Ces petits hommes qui l’ont renversć croyaient l’ćliminer dćfinitivement. Pourtant, ils utilisent ses ćcoles, ses h6pi-taux, ils circulent sur ses routes. Qu’ont-iIs fait, eux, pour le progrćs du Ghana ? » C’est la contribution de Nkrumah k 1’esprit de 1’unitć africaine qui l’emporte aujourd’hui dans le processus de rććvaluation de son ceuvre1 2. Pour citer les paroles de Bolaji Akinyemi, du Nigćria :
« L’apport de Nkrumah k la poIitique africaine est d’avoir jouć un róle moteur dans la recherche du cadre institutionnel de l’unitć africaine et des principes de cette unitć. La seule conclusion lćgitime que l’on puisse et que l’on doive tirer aujourd’hui est que Nkrumah a su, seul, faire admettre le panafri-canisme et lui garder vie en tant que mouvement, en attendant que d’autres soient disposćs k s’y associer. Mais il s’agit de plus que cela : aliant plus loin, on pourrait affirmer que, sans Nkrumah, l’OUA n’aurait pas ćtć fondće en 1963 et que le panafricanisme n’aurait pas progressć comme il l’a fait. C’est ce que fait nettement apparaitre l’histoire du panafricanisme de 1958 k 1963. Bień que le Ghana n’ait pas ćtć le premier Ćtat d’Afrique noire k obtenir 1’indćpen-dance, c’est Nkrumah qui lanęa la sćrie de confćrences panafricaines dans l’Afrique indćpendante [...]. La genese des principes de Casablanca remontait k la dćclaration de Nkrumah, au moment de 1’indćpendance du Ghana, selon laquelle cette demićre serait sans signification et resterait incomplćte tant que d’autres rćgions de l’Afrique resteraient dćpendantes. C’est ćgalement sur la base de ce principe que se dćveloppa 1’intćret de l’Afrique pour les mouvements de libćration. Le Comitć de libćration de 1’OUA n’est pas nć dans le cerveau des conservateurs [...]. Nombre de ses idćes furent jugćes trop extrćmistes, trop radicales, par ses contemporains. Et pourtant, c’est tout a son crćdit si son radicalisme d’hier est devenu l’orthodoxie d’aujourd’hui. Personne ne prćconise actuellement de solution aux problemes africains que Nkrumah n’ait prćconisće auparavant. II a fallu attendre 1971, et l’invasion de la Guinće, pour que 1’oua rćflćchisse sćrieusement k un systeme de dćfense. Pourtant, c’est dćs 1959 que Nkrumah avait prćvu de telles invasions. En 1958, il alertait l’opinion africaine
New Nigerian, Kaduna, 29 avril 1972.
Afriscope, Lagos, juin 1972.