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eprouvant apparemment une certaine gene a exposer des points de doctrine en langue vulgaire, Jean Petit s’etait de temps a autre exprime en latin, ajoutant ainsi un obstacle supplementaire a la comprehension des audheurs moins savants que lui96. L’auditoire n’a reagi qu’aux accusations concretes portees contrę la memoire de Louis d’Orieans. Pendant l’expose de la mineure, le dauphin Louis, duc de Guyenne, qui n’avait aJors que dix ans, s’etait penche pour demander a son chambellan "si c’estoit beaux oncles d’Orleans qui voloit faire morir monseigneur le Roy"97. Monstrelet rapporte qu’a Paris, dans les jours qui suivirent la "Justification”, un "grant murmure" opposa les partisans du duc de Bourgogne a ceux du duc d’Orleans, les premiers ajoutant foi aux accusations portees par Jean Petit, les autres les tenant pour fausses91 2. Le 14 mars 1408, I’avocat Thery Le Roy fit a la duchesse de Bourgogne un rapport orał de la seance tenue six jours plus tót, a laąuelle il avait assiste: son compte rendu, soigneusement notę par un clerc, neglige a peu pres completement la majeure de 1’orateur, mais raconte en detail les crimes attribues au duc d’0rleans"
Est-ce a dire que le Religieux n’a ete informe du discours de Jean Petit que par des temoignages oraux? La comparaison de son resume avec certains passages du texte de Monstrelet permet d’en douter Par exemple, la "Justification" distingue deux manieres de commettre le crime de lese-majeste royale au premier degre. La premiere maniere se divise en trois (les elements communs aux deux textes sont soulignes et mis en gras):
Rei III, 756 |
Monstrt. 1, p. 224 |
Ducem wsum in marłem rezis primo per sortilezia. supersticiones et maleficia. |
La Dremićre est raachiner la morf de sondit prince par maiefices. $ortflćfies et sunersticion. |
inde ner podones venenosas. i te rum ac tercio per ignem ac alias viołentas |
La seconde. Dar ooisons2 venins. mtoxicacions. La derce, par (...] armes. eau, feti ou autres |
iniectiones machmatum fuisse. |
vio!entes iniections. |
La traduction d’une expression aussi precise que "violentes injections” suggere que Michel Pintoin s’est appuye sur un texte. Mais lequel? On sait par exemple que le greflBer du Parlement, Nicolas de Baye, a pris des notes "pour la presse et foule de gens d’armes et autres
96 A. Coville, op. cii., pp. 110 et 218. Voir par exemple les passages suhants de la chronique de Monstrelet (ćd. citee. L I): pp. 182. 185. 187. 189. 206-207, 209-210 et 214-216.
97 Chroniąue des Cordeliers. citee par A. Cosille, op. cii., p. 110.
La chroniąue d'Enguerran de Monstrelet, ćd. citće, L 1. p. 243.
99 A. Coville, op. cii., pp. 169-170: B. Guenee. Un meurtre. une societe. pp. 199-200.