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christianisme de doctrine extravagante et vulgaire. L'enseignement des missionnaires rencontre donc une grandę resistance.

II arrive souvent que les erudits posent de nombreuses ąuestions aux missionnaires pour refuter leur doctrine. Plusieurs de ces interrogations ressemblent a celles des Amerindiens. Comme ces ąuestions s’appuient sur des conceptions differentes de 1'uniyers, les refutations semblent toutefois plus systematiąues, plus profondes et plus incisives. En voici ąueląues exemples. A propos de l’oeuvre de creation de Dieu, si les seminaristes amerindiens ont du mai a la comprendre, les lettres chinois la nient tout simplement. Es nient encore l’existence du Dieu chretien lui-meme :

Ce grand gouvemeur de l’univers qui a tout cree, [...] a-t-il une substance corporelle ? Si oui, qui Pa cree et ou etait-il avant que le Ciel et la Terre n'existent ? S’il n’a pas de substance corporelle, c’est donc ce que notre confucianisme appelle Taiji (origine cosmiąue). Mais le Taiji ne peut avoir ni amour ni haine. Et comment pourrait-il demander aux gens de lui obeir? Comment pourrait-il recompenser et punir? [...] Es [les missionnaires] pretendent que le Maitre du Ciel est descendu naitre sur terre comme homme [...] Ou etait-il donc avant de descendre? S’il etait au paradis, c*est donc que le paradis existait avant que le Maitre du Ciel n’existe. Comment pourrait-on dire alors qu’il a cree le paradis? Sinon, si Ton dit qu’il a cree le paradis pour y demeurer comme les hommes font des maisons pour y habiter, ou logeait-il avant d’avoir fait le paradis?²⁸

Selon les Chinois, la creation chretienne n*est pas logiąue. Le taiji des neo-confucianistes est un principe de l’univers et non un etre tout-puissant qui aurait des sentiments et de la volonte. D'autres erudits contestent Pimage europeenne de Dieu que les missionnaires leur ont montree : si jamais il existe un Dieu, ce n’est peut-etre pas « votre personnage a nez saillant, aux yeux enfonces et a la barbe epaisse [...] w²⁹.

Concemant la misericorde de Dieu, certains Amerindiens n^łont pas cache leurs

doutes. Les Chinois vont plus loin : s’il existe un Dieu, ce Dieu n'est pas misericordieux,

»

mais impitoyable et injuste, puisąue, tout-puissant, il savait qu’Adam et Eve tomberaient

²⁸    ZHONG Zhenzhi, « Tianxue chuzbeng » (« Premieres Questions sur les ćtudes cćlestes », voir Pixie ji_y 1965. voI. 2, p. 914-915.917-918 ; GERNET, Chine et christianisme [...], 1982, p. 299-300.

²⁹    Preface de EANG Dejing au Poxieji_% 1855, voI. 3, lb ; GERNET, Chine et christianisme [...), 1982, p. 306.