— nous pouvons lirę une meditation extraordinaire sur le theme de la blancheur dans le 42 chapitre de Moby Dick — domaines de la “peur et ses tremblements” (dans ses demiers travaux, com-me par exemple Donner la mort de 1992, Derrida rejoint Kierkega-ard). Au debut de ses reflexions sur Ponge, Derrida observe que le poete tend vers ce qui est “propre”, mais cette quete, cette pas-sion ressentie pour ce qui est propre (donc toujours singuliere), est obtenue par une lutte difficile, une bataille avec ce qui est sale et inconvenant, voir meme degoutant: “II aime le propre: ce qui lui est propre [...] il reclame le propre [...] avec une telle obsessive ob-stination qu’on doit bien soupęonner, dans cet achamement agonis-tique, la lutte au corps a corps avec Timpossible, avec quelque chose qui, dans le propre, dans la structure meme du propre, ne se produit qu’a passer dans son autre [...], a s’inverser, a se conta-miner, a se diviser.”1 2 Ce qui est impossible reste en connection avec ce qui est indecidable. Dans les deux cas, le jeu ne conciste pas en une simple acceptation de ce qui se passe et de ce qui nous arrive, mais en quelque chose de plus radical, en rexperience du destin se realisant a travers ce qui est irrencontrable. Le destin est une serie d’evenements qui nous rencontre, mais qui est infiltre d'irrencontrable.
Nous rencontrons Pirrencontrable et cette tentative de Pintellect se rapprochant de ce phenomene — prenant toujours la formę d’une serie d’evenements — porte le nom de deconstruction.
LMrrencontrable ne signifle donc pas seulement ce qui est rare et inattendu, mais egalement ce qui, au moment de la rencontre, echappe a celle-ci et garantie que sa topographie assure a ceux qui y participent la distance requise. En effet, la rencontre n’est pos-sible que grace a 1’incertitude qui provoque que la position que j’occupe n’est pas entierement connue ni maitrisee, n’est pas com-pletement “mienne”, donc la localisation topographique de la rencontre est soumise a condition par la presence (souvent impercepti-ble) de ce qui est autre, variable. Dans 1’espace de la rencontre, le “corps etranger” est present (comme sur 1’ile de Robinson les cannibales, partie du temps surement „non visibles” et “invisibles,
J. Derrida: Signeponge/Signsponge. New York, Columbia University Press,
1984, p. 31.