me rejette moi-meme. L’ćpreuve de 1’abjection ressemble au narcissisme inverse : « L’abjection de soi serait la formę culminante de cetłe experience du sujet auquel est devoile que tous ses objets ne reposent que sur la perte inaugurale fondant son propre etre. »214
« La vćritć dipendrait-elle de la « riflexion » aux deux sens du terme ? En rśconciliant voir et savoir, Amelie Nothomb transfigure le mythe de Narcisse, il devient le pendant du cogito : « Je me vois donc je suis ». »n>
Le mythe de Narcisse a etć prćfćre au symbolisme.216 Se mirant dans les eaux, il est Pemblćme de la vanitć, de 1’egocentrisme et de 1’autosatisfaction. La figurę d’un bel homme qui se contemple et se noie dans lui-meme, qui dćsir conserver les profondeurs de son ame par le regard a son corps ont convenu h 1’ambiance symboliste. Narcisse y est un mćtaphysicien de genre de Hamlet recherchant le sens cachć sous le monde phenomenal (« Tout phćnom&ne est le symbole d’une veritć. » dit Gide).
Le regard dans un miroir represente le moyen de se rendre compte que mon corps c’est Moi. Lacan a analysć le lien de 1’image corporelle avec le concept du Je. La conscience d’etre se constitue, en effet, par la conscience d’etre du corps. L’image de moi est indispensable pour mon identite. « Je me vois donc je suis. »
« Qu'y a-t-il de plus effroyable qu 'un miroir ? »n
Nothomb meme peut etre vue en regardant son reflet dans le miroir dans les magazines (v. annexe). « La periode baroque apparaitrait riche en spectacles de tous genres, mais la dominantę serait toujours le contrepoint: beaute-evanescence. Les paradigmes du reflet, de la bulle, de la perle, du
214 Kristeva, J.: Pouvoirs de 1'horreur. Essai sur Pabjection. Paris, Seull 1980, p. 12
215 "Derrićre le miroir", p. 84
216 Andró Gide : Le Traiti du Narcisse (1891) ; Paul Valćry : Narcisseparle, Fragments du1 Narcisse (1890)
217 Nothomb, A.: Mercure. Paris, Albin Michel 1998, p. 176
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