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enfants deracines » nous dira Leblanc en entrće de jeu, apr&s un gćnćriąue d’ouverture qui nous indiąue que Ie but du syst&me de pensionnat etait « ...de tuer 1’indicn dans le coeur de 1’enfant».
Du macrocosme des images d’archives nous presentant les jeuncs autochtones et leurs bourreaux, les Oblats sous la direction de Lćo Laurin, OMI, a cette ćpoquc directeur du pensionnat, nous passons au microcosme exprime par Franęoise Cesarie Fontaine qui, tout en peignant, nous raconte de maniere tres personnelle ses imprcssions alors qu’elle ćtait soumise a cette acculturation par les missionnaires. La juxtaposition de longs plans silencieux ou Ton voit Leblanc marcher dans la reserve de Mani-Utenam, contempler le lieu du pensionnat ou encore regarder par la fenetre d’un des ćdifices du pensionnat a V abandon est evocatrice de tout es ces douleurs encore presentes dans les differentes communautes autochtones; rappelons l’existence de neuf de ces pensionnats au Quebec. Tonsures, privations, punitions physiques et psychiąues, negation de 1’identite personnelle par la modification des us et coutumes tant au niveau vestimentaire que langagier, deconstruction de la psyche collective et individuelle et finalement, predation sexuelle, feront en sorte que 1’enfant qui retourne dans son village est coupe du lien communautaire. Desemparćs et demunis devant le schismc social produit par ces epreuves, les plus vieux se mettront a 1’alcool, plus tard aux drogues et autres paradis artificiels; 1’humain n’est pas equipe pour faire face a un tel dósarroi.
« Je vivais sans m’en douter dans des lieux habitćs d’une mćraoire noire, plus je deterre 1’histoire de mon peuple, plus ces douleurs m’accablent (a 5:05)» dira Leblanc, alors que s’ouvre en finale du film un chapitre sur la guerison, guerison par la peinture en ce qui conceme Fontaine et par le cinema pour Leblanc. « Je suis fiere d’avoir retrouvć ce que j’ai perdu, je suis fićre d’etre une femme innue, d’avoir retrouve mon identitć» nous dira Fontaine (a 5:45) s’adressant a nous en Innu-Aimun cette fois, choix judicieux du realisateur, une langue commune etant la pierre