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L'enfance deracinee, Real Jr Leblanc 2013
Autre film issu de l’experience Wapikoni, L’enfance deracinee de Real Jr Leblanc est un film coup de poing, film qui a ćte louange par la critiąue et s’est vu deceme le Prix du meilleur court-mćtrage - Festival Prćsence autochtone de Montrćal en 2013 ainsi qu’une Mention speciale Telć-Qućbec dans le cadre du meme festival. Real Jr Leblanc est un Innu de Uashat Mak Mani-Utenam et c’est sur les lieux de F ancien pensionnat pour les Indiens de Sept-lles, a quelques kilometres de chez lui qu’il a tourne ce film.
Comme pour tout bon court-mćtrage, la structure du film est simple : le coeur du film est compose d’un mom >gue a la camera de Franęoise Cesarie Fontaine qui, ayant connu les pensionnats, nous fait part de sa difTicile experience et des blessures (abus sexuels) qui la marque encore aujourd’hui et dont elle se guerie lentement avec de Fart-thćrapie, dans son cas la peinture sur toile. Leblanc a habilement abille ce monologue decline en quatre moments, d’images contemporaines du lieu ou etait sis le pensionnat maintcnant en partie dćmoli. Puis, se servant d’images d’epoque, il nous fera faire des allers-retours dans le temps ; analepses et prolepses construites les unes sur les autres, les images du pensionnat servant de lien entre les epoques.
La force du film tient dans la narration de Leblanc, qui dit lui-meme un texte poetique qu’il a ecrit. Cette narration, apposee sur les images d’archives du pensionnat, est accusatrice et foudroyante. Leblanc ne se contente pas de decrire ce que Fon voit a Fecran, mais nous donnę un autre niveau de lecture : Leblanc pointę un doigt accusateur et ce n’est pas tant le systeme mis en place a Fćpoque des pensionnats (1951 k 1972 en ce qui conceme celui de Sept-Iles) qu’il pourfend, mais bien la societe quebecoise en gćnćral et par le biais du cinema, le spectateur (blanc) lui-meme. « Pourquoi avez-vous arrache les miens aux bras de leurs parents? Qui etiez-vous pour vider mon village de ses enfants? Je suis le descendant de ces