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Qu’ełles aient etś adjugees afin de rśparer une offense ou pour rembourser des depenses, les sommes octroyees au plaignant devaient parfois 6tre difficilement recouvrśes. Les registres judiciaires nous permettent de suivre le dśroulement du proces et nous font connaitre les principaux protagonistes du milieu judiciaire, mais revelent rarement des informations sur ia vie des Manosquins apr6s leur bref passage au tribunaf. La plupart du temps, accusśs et victimes retoument dans 1'anonymat de leur vie quotidienne. II arrive cependant que des gens reviennent a la cour, non pas dans le cadre d'une autre affaire, mais pour demander I'execution d’une sentence. C’est dans ces rares cas qu’il est possible d'aller au-dela du proces et d:apprendre, entre autres, qu’il peut etre difficile d’obtenir veritablement gain de cause. W. Feutrerius, qui s'est vu adjuger 1'imposante somme de cent dix sous en reparation pour coups et injures, revient devant le juge P. Bonus et exige satisfaction. Le juge iui explique patiemment les modalites relatives a la saisie des biens des accuses: ce ne sera pas pour tout de suitę; meme en defaut de paiement, un condamne a des droits.30 Apres le prononce de la sentence, un appel peut aussi donner une nouyelle su/te a raffaire. Les deux procedures en vigueur a Manosque reconnaissent Tappel. Cependant, les modalites concrśtes de son application dans le cadre de la procedurę accusatoire restent obscures, un seul dossier mentionne cette mesure.31 II s’agit de Taffaire opposant Jordana et Dulcia qui toutes deux en appellent de la sentence du juge P. de Mota au juge Maratono qui serait a cette epoque rattache au commandeur de 1'Hópital32: 3056H 944, f. 10v., 21-03-1243, a...et cum non invenerentur Peronna et filius eius, petit ipse W. ut mitatur in possessione bononjm ipsius Poronne et filii sui; et dicit judex quod legitime auctoritate, et si legitime citati non veniant, constitutus erit in bonis ipsorum. Qui respondit "de reis conquerentibusn Voir Introduction p. 1.
3,56H 944, f. 31v., 16-02-1242.
32Une confusion peut naitre de la similitude entre les noms du commandeur de THopitał, Guillaume Mataron et du juge Maratono. II faut cependant preciser que Guillaume Mataron est commandeur de Manosque seulement en 1244. De 1239 ś 1242, Guillaume de Hue occupe cette fonction. Voir Felix Reynaud, La Commanderie de 1’Hópital de Saint-Jean, p. 44, notę 26. De plus, un juge du nom de Maratono siege a ia cour seigneunale entre 1303 et 1308 environ. Ce magistrat qui se prenomme Pierre est aussi mentionne dans la Convention des habitants avec les chevaliers et les avocats. Voir M.-Z. Isnard, Uvre des priviłśges, p. 132. (I est donc vraisemblable que Tappel place par