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qu’au jour ou la Providence pourra permettre que la civilisation soit entierement dćlivrće par 1’arbitrage International de la primautó de la force sur le droit.
Au rósumś donc, rceuvre de la civilisation de la gnerre esige un Codę International divisć en trois par-ties ayant pour objet:
La premifcre, de prćvenir la guerre par la substilu-tion de 1'arbitrage A la voie des armes pour le regle-ment des contlits internationaux;
La seconde, dans le cas ou les hostilitśs n'ont pu etre prćvenues, de consacrer les droits de la guerre dćfen-sive, la seule legitime.
La troisifcme enfin de prohiber 1’emploi des moyens illicites que 1’humanitś reprouve, et qui doivent etre par consćquent interdits dans le cours des hostilitćs & la guerre defensive, et A plus forte raison aux illćgi-times bolligerants de la guerre d’invasion et de con-quete.
Tel est le cadre normal du Codę international de la civilisation de la guerre, qui ne saurait etre l’oeuvre d’un jour ni d'une confórence diplomatique, ainsi que l’a bien compris le prince Gortchakoff lui-meme dans sa dćpeche du 17 avril, en ne prśsentant le projet russe que coinme un point de depart. Ii s'agit, en effet, d’inaugurer une bre nouvelle de la codillcation du droit des gens (1), qui n’est plus celle des doctrines
(1) J’ai cite dans mon memoire a Hnstitut du 5 octobre 1872, sur la Necessite d'un congres international pour la codification du droit des gens, etc. les savants lravaux donl M. le professeur Rluntschli en Allemagne, et MM. Lieber etDavid Dudlej-Field aux Ćtats-Unis a^aient pris la genóreuse initiative les deux premiers.
de Grotius, de Vattel; doctrines qui k leur ćpoque constitubrent les progres du temps, raais qui sur bien des points ne sont plus conforraes k ceux du nótre et ne rćpondent plus aux besoins moraux et ćconomiques d’une civilisation plus avancśe.
La confórence de Bruxelles aura beaucoup fait si avant łout elle consacre la libertó de discussion sur cette bre nouvelle; car łl y a deux degrśs qui caractć-risent la marche des róforraes, et avant d’ałteindro celui des choses qui se font, il faut d’abord qu’elles soient admises par la discussion au nombre des idćes qui s*avouent.
Par suitę du projet du gouvernement russe qui n’a pas suivi 1’ordre normal du cadre prćcitś, c’est sur la troisieme partie, celle des revendications de l’hu-manitó, que la confórence de Bruxelles est appelśe plus particuli&reracnt k dćliberer. Je dis plus particu-liereraent, car parmi les 70 articles du projet russe se trouvent intercalćs plusieurs articles qui ne peu-vent gukre etre rdsolus que par les principes propres a regir la guerre defensive et qui appartiennent par consćquent k la seconde partie du Codę international dont je viens d’indiquer le cadre et l’objet.
Je crois donc que la conference de Bruxelles est appelee k une discussion dont le champ sera fort ćtendu; mais qui par cela meme contribuera beaucoup raoins a des Solutions imraćdiates qu'k prćparer celles
correspondants de rAcadćmie des Sciences moralcs et politiques. Cest M. Lieber, dc rcgrcttable raćmoire, qui a rćdigć en 1863 une compilation des lois ot usages de la guerre sous le titre d7ns-Lrucliens pour les armees amerkuines en campagne.